Marathon de la Jungfrau

Le marathon de la Jungfrau a été consacré plus beau marathon de montagne du monde en 1997. L'organisation profite de ce succès pour charger les prix. Du coup, même si cette course me faisait depuis longtemps envie, son coût d'accès me freinait et en plus il fallait pas louper la date d'ouverture des inscriptions, c'est un peu le Paléo des courses de montagne. Mais cette année j'ai eu la bonne idée de jeter un oeil aux offres de partenariats de La Poste, client où je travaille depuis 3 ans. Bien m'en a pris, le Jungfrau marathon figure sur la liste et je profite du coup d'un rabais qui renvoie mes hésitations au placard. GO. Je note la date des inscriptions dans mon agenda et ne manque pas de m'inscrire.

Je croise Robbie Simpson — 2ème à Sierre-Zinal cette année et vainqueur de Montreux-Rochers-de-Naye — en me dirigeant vers la ligne de départ tout en écoutant Nicola Spirig au micro de la speaker de la course. Un aspect génial de ce sport. Les amateurs et les pros se cotoient, ils prennent le même départ et figurent tous dans le même classement. C'est quand même cool! Ne passez pas ce sport en discipline olympique s'il-vous-plaît!

Le soleil est bien présent alors qu'on nous annonçait plutôt nuageux. Pas pour me déplaire, je suis ici surtout pour profiter des paysages et d'une belle sortie longue. Les cors des Alpes et les lanceurs de drapeaux suisses nous préparent au départ quand à 9h c'est le coup de feu. Démarrage tranquille dans la (jolie) ville d'Interlaken. On y fait une boucle de 5km à peu près pour ensuite sortir et prendre la direction de Lauterbrunnen. Le parcours est super roulant. Je dois me contenir pour ne pas accélérer, cette sortie n'est pas à mon programme pour me griller mais pour me préparer pour Lausanne. Donc molo et on profite. On se retrouve à l'ombre, à longer et enjamber plusieurs fois la Lütschine, puissant afluant de l'Aare qui par moments est recouvert d'un duvet de brume, mystique et rafraîchissant. Les traversées se font par de jolis ponts en bois au passage.

Le départ dans une ambiance traditionnelle avec les cors des Alpes

Le départ dans une ambiance traditionnelle avec les cors des Alpes

Pour ne pas aller trop vite, ma tâche se trouve facilitée par quelques ennuis gastriques. Deux jours avant, je randonnais du côté des Dents du Midi et je pense que c'était une erreur de ne pas couvrir ma tête. J'ai probablement pris un coup de chaud et ce n'était pas le stress d'avant course si hier et ce matin avant de rejoindre la ligne, j'étais bien heureux de ne pas partager les toilettes de mon (adorable) B&B.

Magnifiques cascades à Lauterbrunnen

Magnifiques cascades à Lauterbrunnen

Du coup mon ventre balonne. Douloureux par moments, ça ne m'empêche pas d'avoir de bonnes sensations avec mes jambes. Je reste à un tranquille 12km/h et sens que j'ai de la réserve lorsque je peux facilement passer les buttes sans me mettre à marcher. C'est roulant jusqu'à peu près le 25ème kilomètre. Avant d'y arriver, je suis conquis par Lauterbrunnen. Je pense ne jamais y avoir mis les pieds parce que je n'ai aucun souvenir de ces cascades majestueuses, de ces immenses façades qui entourent le village. On le traverse dans une ambience folle même si ce ne sera pas à la hauteur de Wengen. Toujours avant d'arriver au km 25, je fais mon 1er des 5 arrêts toilettes un peu après la mi-course. Et là, je comprends gentiment que ma course peut très bien ne pas se passer aussi facilement que prévu. Je reste presque 5 minutes, à me vider. En sortant, je remonte de quelques mètres le parcours pour retourner au ravito et prendre un peu à manger car j'ai dû perdre pas mal de choses dans cet épisode. Le parcours fait ensuite une boucle pour revenir sur les hauts de Lauterbrunnen, je sens bien que mes jambes peuvent aller vite, mais mes entrailles me remette parfois douleureusement à l'ordre. J'écoute mon corps, j'accélère un peu quand tout va bien et lève le pieds quand la douleur surgit. Au sortir de Lauterbrunnen, 2ème arrêt aux toilettes, je crois que je vais utiliser toutes les toilettes du parcours en fait.

Les faces impressionnantes au sortir de Lauterbrunnen

Les faces impressionnantes au sortir de Lauterbrunnen

Grosse grosse montée en lacets dans la forêt ensuite. Après mes pérégrinations aux toilettes, forcément je suis descendu dans le peloton et dans cette montée, je reprends plein de monde, c'est frustrant les jambes vont bien mais je dois m'arrêter pour soulager mon bide à chaque fois! Au sortir de la forêt on arrive sur Wengen, km 30, le public massé au bord de la route, j'ai le sourire à être comme ça encouragé. Je crois qu'on ne s'y habitue jamais, c'est grisant.

Au sortir de Wengen, il va maintenant nous falloir rejoindre la Kleine Scheidegg sans plus traverser aucun village. Pistes de ski, forêts, sentiers de montagnes et les voilà, ces belles montagnes! Vers le km 36 je bascule en mode rando mon bide me faisant maintenant trop mal dès que je veux me mettre à courir. Ce sera comme ça jusqu'à la prochaine station télésiège où je pourrai à nouveau profiter de toilettes. Passé ce point, ça grimpe à nouveau davantage et j'en profite pour grimper à un bon rythme. Plié en deux, les mains sur les genoux, ça me fait moins mal au ventre. La Mönch et la Jungfrau nous surveillent, toutes majestueuses alors qu'un nouveau groupe de cor des Alpes nous baigne dans une ambiance magique. Ca grimpe presque jusqu'au km 41, que l'on rejoint plus ou moins en file indienne avec au passage, la moraine de l'Eigergletscher sur laquelle un joueur de cornemuse nous encourage, quelle ambiance! Rapidement ensuite on amorçe la dernière descente sur la Kleine Scheidegg. Je lâche les chevaux et dépasse tout le monde qui me précède jusqu'à l'arrivée. Comme j'aime cette sensation de vitesse!

L'Eiger dans les nuages, ce tracé n'en est pas moins magnifique

L'Eiger dans les nuages, ce tracé n'en est pas moins magnifique

Un monde fou est présent dans la zone d'arrivée, l'Eiger est hélas dans les nuages mais on le voit bien par moments. La descente en train nous permettra de profiter de cet énorme bloc vertical si particulier. Outre les classiques T-Shirt, gourde et médaille, on reçoit un superbe cadeau finisher, une énorme plaque de chocolat Lindt! Fan, je reviendrais rien que pour ça.

MIAM! Enorme plaque de choc comme cadeau finisher

MIAM! Enorme plaque de choc comme cadeau finisher

Donc pour résumer, marathon vraiment roulant jusqu'au km 25 c'est de la route majoritairement. Le décors est impressionnant du début à la fin, l'ambiance est à la fête et aux traditions, la région est accueillant et offre de multiples possibilités. Par contre, si l'on veut une belle course de montagne, l'Ultraks de Zermatt est à mon avis encore plus belle. Si on peut courir un marathon on peut bien faire 4km de plus (bon il y a aussi un peu plus de dénivelé). Par contre c'est pas donné non plus, mais si l'occasion devait se présenter, il faut absolument foncer.