<![CDATA[run boy run]]>http://runboyrun.ch/Ghost 0.7Thu, 12 Nov 2020 00:12:45 GMT60<![CDATA[The Show must go on! La MXTreme 2020 du Montreux-Trail Festival.]]>La Covid-19 chamboule tout cette année et les courses font forcément partie du lot. Ce n'est clairement pas ce qu'il y a de plus important dans la vie mais là ça fait quand même super plaisir de savoir que les 2 courses auxquelles je me suis inscrit cette année ont

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La Covid-19 chamboule tout cette année et les courses font forcément partie du lot. Ce n'est clairement pas ce qu'il y a de plus important dans la vie mais là ça fait quand même super plaisir de savoir que les 2 courses auxquelles je me suis inscrit cette année ont réussi à maintenir leur événement. Du moins partiellement ou de manière adaptée. Concernant le Montreux Trail Festival, 3 courses ont survécu: la MXFamily, la MXSky et la MXtreme. Après les beaux moments partagés l'année passée sur la TVSB1, on remet ça avec Loïc en nous alignants sur le long parcours: 112km, 8500m D+ en traversée. Depuis Bex, l'objectif est de relier Montreux. Entre deux, le menu est plutôt alpin, comme on aime.

La récupération du dossard et le briefing d'avant course se font dans une ambiance inédite avec tous ces visages masqués et la distanciation physique plus ou moins bien respectée. On nous annonce une météo idéale avec du soleil mais pas trop de chaleur, des crêtes, des montées, des descentes, des chaînes, arrête on veut partir! Finalement briefés, Loïc et moi rentrons nous restaurer et nous préparer pour un bon petit dodo. Aussi bien lui que moi dormons très bien. Le réveil se fait sans difficulté. Les affaires préparées la veille, il n'y qu'à enfiler le complet de course, remplir les gourdes et feu départ!

On se retrouve à Bex en quelques minutes, grâce à un petit voyage en taxi très gentiment offert par Christelle, l'épouse de Loïc. Il fait nuit bien sûr, il n'est même pas 4h du matin. Le départ se fera d'ailleurs à 4h10. On dépose notre sac d'allègement qui sera à notre disposition après plus ou moins 60km, au Sepey. Aller, on file vers la ligne de départ. Les 10 premiers kilomètres nous verront faire une ascension de plus de 2000 mètres. Question échauffement c'est bien, ça réveille en douceur!

5h38, je regarde la montre. Les premiers chants d'oiseaux nous accompagnent et je veux m'en rappeler. Alors qu'on arpente encore la montée vers les Dents de Morcles, ce doux réveil de la nature donne le sourire. On avance depuis 1h30, quasiment uniquement de la montée, en forêt en file indienne. On est parti sur un rythme très calme, calqué sur nos compagnons de courses qu'on a rejoint plutôt sur la queue de peloton lors du départ. Aux premiers chants d'oiseaux se joignent les premières lueurs du jour. On se régale à voir les Dents du Midi léchées des premiers rayons dorés. On discerne par moments aussi ce qu'on rejoindra bien plus tard: le Grand Chamossaire, la Tour d'Aï, le lac Léman… Ça en fait du chemin!

Il nous faut 2h45 pour rejoindre la cabane de la Tourche, le premier ravitaillement après 11km mais déjà 2000m de dénivelé positif! L'accueil se fait chaleureusement avec du désinfectant pour les mains et on ne nous laisse pas nous servir nous-mêmes. Les bénévoles nous donnent une barquette fournie de ce que l'on veut. Ici mon menu sera: petit pain d’épeautre fourré à la poire, du chocolat, un quartier d'orange et petit paquet de crackers genre-Tucs-mais-quand-même-c'est-pas-pareil et un bouillon bien chaud. On déguste en admirant le Mont-Blanc, les Dents du Midi et le massif qui nous surplombe avec les Dents de Morcles qui sont au soleil. On déguste mais pas trop longtemps car on se refroidit vite!

The Show must go on! La MXTreme 2020 du Montreux-Trail Festival.

Derniers mètres de la première ascension, accompagné des chèvres

On amorce la suite alors que je savoure encore mon paquet de crackers. Loïc fait un message vocal à Miki qui nous a envoyé des encouragements peu avant notre départ. Elle prévoit de nous supporter sur le parcours aux alentours de la Tour d'Aï. C'est loin tout ça, aucune idée quand on s'y trouvera mais on se réjouit de la croiser! Notre montée se poursuit maintenant dans la caillasse, fini les arbres, nous voilà en terrain alpin et qu'est-ce qu'on aime ça! Aux alentours de 2500 mètre d'altitude, nous nous mettons à longer le massif sur son flan et par moments, un coup d’œil sur le cirque parallèle nous permet d'admirer la beauté d'autres lieux tout proches. Ce que surplombe les Muveran, les Dents de Morcles et autres pics formant cette arène est magnifique, surtout sous cette douce lumière du matin. Les chèvres nous escortent sur cette partie entièrement gravelée. C'est exposé avec des chaînes de-ci de-là mais c'est pas bien méchant. Il faudrait pas tomber c'est sûr, mais le sentier n'est ni glissant ni piégeux.

The Show must go on! La MXTreme 2020 du Montreux-Trail Festival.

Les premières foulées à la descente

Ce flan de montagne passé, nous pouvons amorcer la descente. Exercice qu'on affectionne, ce que je préfère je crois. Dévaler la pente sans trop de retenue, surtout à ce moment de la course où les jambes sont fraîches, le dos ne donne aucun signe de fatigue et le sentier n'est pas difficile. C'est super bon. Et on repasse par les mêmes étapes: caillasse, rocher, pâturage, forêt et hop on se retrouve sur la route menant maintenant à notre prochain ravitaillement, le Pont-de-Nant. Dominés par le Grand Muveran, l'endroit est majestueux. Je l'admire, une tranche de saucisson vaudois en bouche. Quelques verres de coca aussi et l'aventure continue. Ça se poursuit sur un terrain plus large, on cause plus facilement en progressant. A la montée, un cor des alpes rend l'ambiance d'une paix savoureuse. L'ascension, douce cette fois-ci, se fait facilement quand bien même le soleil commence à chauffer nos carcasses. Avant d'atteindre Solalex notre prochain arrêt dégustation, c'est une nouvelle descente qui nous attend. Pas compliquée non plus mais qui demande de la concentration quand même car on court et le chemin est jonché de cailloux en tous genres. A quelques pas du prochain stop, un collègue me lance, mais t'es parti depuis ce matin en débardeur? Mais oui msieur pourquoi? Pas trop froid? Aha non pas de souci… C'est la première fois que je me lance sur une course accoutré de la sorte, je dois dire que ça rafraîchi sensiblement c'est vrai, j'ai apprécié.

Solalex = polenta! Bonne idée de menu, je la déguste au bord d'une fontaine aux côtés de mon camarade et de Tao et Christelle qui nous ont rejoints. Encore quelques coca et au moment de partir, je remarque un panneau "Dortoirs". Une petite sieste Loïc? Quelqu'un surenchérit en m'entendant, ventant la beauté du-dit dortoir tout fraichement rénové. C'est gentil, mais je pense qu'on ferait mieux de se remettre en route non? Que oui! D'autant plus que, selon le même gaillard, un très beau village nous attend sur la route pour le col de la Croix, notre prochain ravitaillement. Taveyannaz. Navré mais ce village ne m'a pas particulièrement marqué. Je crois que c'est où j'ai confondu une aimable bénévole avec une connaissance. Mais bref, avant d'atteindre ce village, on passe par la Chaux Ronde. De ce sommet partent des pistes de ski que je dévalais ado. Il y avait un radar et j'adorais y débouler le plus vite possible pour améliorer mon record de vitesse. C'est cool parce que je ne m'étais pas rendu compte qu'on allait passer par là en lisant le parcours de la course. Atteindre le sommet ici se fait au prix d'une bonne petite ascension mais de mon côté j'ai vraiment la patate pour le moment et je cause tant que je peux pour transmettre cette folle énergie. Du sommet, on parcourt encore une très jolie crête avant de descendre sur le fameux village… On file, on file et voilà le col de la Croix aux alentours des 40km et oh merveille, de la pastèque! Loïc est aux anges. Il y a de quoi. C'est tellement rafraîchissant, hydratant, BON. J'y déguste aussi du fromage, du pain mais encore de l'avocat pour me refaire une santé. Mais la forme est bonne, j'avance toujours facilement et le moral est au beau fixe. On traverse de si beaux endroits! Fini la caillasse, on parcourt maintenant des terrains de plus basse montagne, mélange de forêts, pâturages et chemins blancs. Pas de difficulté.

De ce col au prochain ravito sauvage, je sens que pour Loïc c'est par moments bien plus compliqué. Cette année, le copain est moins bien préparé, il va devoir piocher pour finir, mais on est 2, ça va le faire. On défile nos guiboles sur des chemins que nous avions pris pour l'Humanitrail quelques années plus tôt, c'est sympa ces souvenirs qui reviennent. On atteint Bretaye et on voit le Chamossaire qu'il va nous falloir gravir mais au lieu d'y aller direct, on nous fait redescendre. Un tout petit peu. Avant de reprendre le chemin vers du dénivelé positif, virage à 90° à droite, on passe devant la terrasse d'un établissement. Des chaises longues font face au soleil de l'après-midi, des gens savourent le bon temps, tranquilles. Que ça donne envie! Mais pas le temps de s’apitoyer qu'une dame nous lance "vous êtes des sur-hommes"! Ouai Loïc on est des sur-hommes, ok? "C'est vrai! Vous êtes partis à 4h du mat et vous êtes là maintenant! Bravo!" Oh mais comme c'est cool les encouragements, ça fait réellement de l'effet c'est trop cool! Ensuite ça monte et on se fait plus silencieux, je suis moins euphorique mais avance facilement sur un bon rythme. On enchaîne quelques lacets, on retrouve un très beau passage sur la montée, un bois de pins, du rocher, du pentu, c'est pas très long mais j'apprécie beaucoup. Ensuite ça s'ouvre de nouveau et nous voilà au Roc d'Orsay où Loïc ingurgite quelques tranches de viande séchées, 2 bénévoles nous ravitaillent en eau fraîche. De ce qu'on voyait depuis Bretaye, il nous reste maintenant encore à peu près la moitié de la pente pour rejoindre le haut du Chamossaire. Cette fois-ci on y monte droit dans le dru. Je me sens vraiment bien, je monte facile et reprends les quelques concurrents devant. Mais si je suis devant Loïc à la montée, c'est bien que pour lui, les sensations ne sont pas au top. Je le laisse passer devant à partir du Petit Chamossaire, pour qu'il dicte le rythme à la descente et que je reste bien avec lui. C'est un moment plus difficile, mais une fois au Sepey, la base vie du parcours, on pourra bien se retaper. Et en plus, Olivier va nous rejoindre pour parcourir un morceau de ce périple avec nous!

13h. C'est après 13h de course qu'on atteint le Sepey. Olivier et la maman de Loïc nous y accueillent. C'est top d'avoir de nouveaux encouragements. On prend le temps de bien s'arrêter, c'est nécessaire. Loïc m'avouera plus tard qu'il réfléchissait alors à carrément abandonner, ouf on en est pas arrivés là! Je me prends une portion de pâtes, encore des coca et approuve la petite sieste convenue avec Loïc. Elle sera bienvenue. Dans la tête de mon côté tout va bien, mais dans la dernière descente je sentais la fatigue s'accumuler. Quel était mon bonheur au moment de plonger ma tête dans cette fontaine au village de La Forclaz (très joli au passage)! Se coucher un moment maintenant va soulager le dos et les cuisses. On convient pour 45 minutes de repos. Je ne m'endors pas mais fermer les yeux, changer de t-shirt et de chaussettes me fait du bien.

The Show must go on! La MXTreme 2020 du Montreux-Trail Festival.

La Tour Famelon en arrière-plan

C'est à peu près au moment où nous quittons le Sepey que le leader termine la course. Il a mangé les 112km en 14h et quelques. A nous, il nous faudra le double, aller plus c'est long plus c'est bon non? On quitte donc le Sepey à 3, Olivier nous accompagne tant qu'il y a du soleil, comme c'est cool! Que quelqu'un nous fasse causette change les idées et permet d'oublier les douleurs, la fatigue, le temps passe plus vite. Et partager ces beautés qui nous entourent avec un ami de plus, c'est du plaisir. Il nous raconte que ce tracé, il le fait volontiers l'hiver en peau de phoque, jusqu'à la Tour de Famelon que l'on va d'ailleurs longer une fois en haut. La lumière devient douce, ce doré qui nous pousserait à ralentir en temps normal, pourquoi pas à savourer un apéro en admirant le paysage… Mais voilà c'est pas le moment, il nous faut avancer. Toujours avancer. Olivier nous quitte finalement alors qu'on approche la Tour (merci Oliv!), on est dans un terrain tout différent, entouré de roche calcaire, le sentier se devine. On se repère surtout aux marques rouges et blanches pour savoir où passer. Avec la lumière qui baisse, je sens que pour Loïc c'est toujours pas la fête, ça sent une nuit difficile. Mais avant la nuit, une autre petite surprise, alors qu'on longe Famelon escortés par 3 vaches, voilà Miki à vue! Nouvelle petite pause surprise, qui fait tant plaisir. On nous gâte ici de petites sucreries à la banane, au chocolat et au beurre de cacahuète. Retrouver sur ce parcours une amoureuse de la nature comme Miki, c'est top. On l'a fait poireauter mais elle est restée et c'est tellement apprécié, des moments comme ça, ça recharge les batteries! J'enfile mes petits gants, Loïc opte pour la petite veste et on laisse Miki derrière nous pour nous projeter maintenant vers la Berneuse. Le sentier devient un peu plus roulant on peut courir un petit peu, mais avec le crépuscule, les forces se font plus rares. On ressort la frontale, je l'enfile alors qu'on se rafraîchit à une fontaine au pied de la Tour d'Aï.

C'est en arrivant à la Berneuse que j'enclenche ma frontale. On a encore eu la chance d'admirer les dernières lumières sur le lac Léman durant la fin de la montée mais ce jour s'achève bel et bien. Il va nous falloir pénétrer dans les lueurs sombres tout en avançant sur nos deux guiboles. Le souvenir de l'année dernière n'est guère enthousiasment tant ce fut dur. Pour ma part, je sens que ce sera moins compliqué que l'année dernière où je m'étais vraiment senti comme un zombie à avancer sans trop savoir où et comment. Petit pointage à la Berneuse avec un scan de notre dossard et ravito en eau, dans la bonne humeur, merci à tous ces bénévoles! Mais on ne traîne pas ici, on continue, le prochain vrai ravito, Luan, n'est pas encore pour tout de suite. Dans la descente, Loïc propose une sieste. Le pauvre il morfle. A 1500 mètres, on se trouve un refuge d'alpage contre lequel on s'abrite. Les yeux perdus dans les étoiles, on s'assoupit. 30 minutes. Je m'endors cette fois-ci et au son du réveil, je me sens revigoré. Pour mon compagnon, à voir. On continue sur un tout petit rythme, marche et par moments quelques pas de course. Comme ça à descendre jusqu'à Luan, point 1290, qu'on atteint après 19h de course. Deux fauteuils de campings nous accueillent, on en profite en se posant un bon moment, dégustant du bouillon. Deux gaillards nous chambrent amicalement à rester comme ça scotchés. L'un d'eux, une bière à la main, plaisantant volontiers, n'est autre que Jean-Philippe Tschumi, le vainqueur de ce MXTreme. Il est passé minuit et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il ne semble pas souffrir de l'effort!

On se résout à quitter les lieux pour retrouver l'obscurité et le calme de la forêt. Le sentier se raidit tout de suite. On prévoit une nouvelle sieste dès que ce sera faisable mais aussi dès qu'on n'entendra plus la génératrice et la musique du dernier ravito! A monter calmement, après quelques centaines de mètres de dénivelé, on se trouve un petit nid douillet fait d'épines de pins. Le réveil à 30 minutes, ma montre à charger, je garde la veste pour le dodo et on s'endort direct. A nouveau, le réveil n'est pas dur de mon côté, je me réjouis de continuer. J'enlève la veste et me remets à suivre Loïc qui donne le rythme à la montée. Avant le Malatraix la prochaine grosse bosse, on passe par la Joux-Verte qui devrait être un très bel endroit selon Olivier. Hélas à être trop rapide ou trop lent c'est selon, y passer de nuit nous fait manquer les beautés qui nous environnent. Arrivé à notre ravito, Loïc profite de recharger son téléphone et changer la batterie de sa go-pro. L'équipe de jeunes à ce point ravitaillement me fait bien plaisir. Ils sont bienveillants, amicaux et de bonnes humeur malgré notre passage avant l'aube. Je prends plusieurs bouillons, fais un peu causette. On me dit qu'on a l'air bien. Frais n'était pas dans leur description je pense, mais selon eux, on paraissait mieux que les concurrents passés récemment. J'explique doucement que j'espère que l'arrivée du jour fasse du bien à Loïc car pour lui ça semble encore compliqué. Il nous faut repartir, on repart à l'assaut de la montée dans le bois. A Luan j'ai entendu un concurrent abandonnant qui disait que passer Malatraix de nuit c'était pas super. Je fais le lien avec ce qui nous avait été dit lors du briefing, "A Malatrex, des crêtes… pas plus de place que pour deux pieds…". Ca me rassurre jamais beaucoup ce genre de discours, alors au moment d'y arriver je suis sur mes gardes. La bénévole la moins accueillante du parcours nous scanne le dossard. Elle a des circonstances atténuantes c'est clair, elle se trouve à un endroit bien exposé au vent, il fait frisquet et on déboule en pleine nuit mais bon ça aurait été sympa de profiter du même accueil que sur les autres points. Surtout qu'ici on nous a dit qu'il fallait être prudent alors quelques paroles rassurantes auraient été un gros kif. Mais ne crachons pas dans la soupe, se retrouver à cet endroit avec un pote, c'est un privilège. Je poursuis devant sur cette partie. J'appréhende constamment de me retrouver sur ce bout où juste deux pieds peuvent se poser. Mais j'ai beau appréhender, cette section n'arrive jamais. Bienfait de l'obscurité? Je ne crois pas. Soit c'était exagéré, soit j'ai mal compris le briefing. Il y a bien quelques bouts un peu plus exposés mais on n'était pas à la hauteur de mes craintes, et ça me va, je préfère ça!

On le sent, la lumière n'est plus bien loin. Les reliefs commencent à se deviner. On redécouvre les fleurs qui nous entourent, on éteint la frontale. 5h50, je regarde la montre. "Ce chant d'oiseaux que fait éclater le miracle d'un nouveau jour"2. Le plaisir à les entendre est le même qu'hier alors qu'on débouche bientôt sur le ravitaillement du col de Chaude avant notre dernière ascension, vers les Rochers de Naye. Loïc reprend du poil de la bête je l'ai senti dans la dernière descente et ça me réjouit. Le miracle d'un nouveau jour, c'est vraiment ça, aussi physiquement, la machine retrouve des forces! Mais profitons tout de même de ce ravitaillement encore. Il y a de grosses couvertures ici, on s'emmitoufle! Un bon café chaud, du pain avec du chocolat, la vie est trop belle. Cette couverture, quelle douce sensation… Sieste? Oh oui! Pas autorisés à entrer dans le refuge, mais on se pose sur une bâche à même le sol, le réveil sur 15 minutes et pouf dodo. La patate est de retour! On quitte facilement ce ravitaillement où à nouveau on a été super bien accueillis et on amorce donc la montée vers les Rochers de Naye. Les quelques gouttes tombées durant le ravito n'étaient qu'un éphémère épisode, on progresse maintenant au sec, le ciel est en grande partie découvert. Loïc dicte le rythme, on reprend plusieurs collègues dans la montée qui nous fait prendre 500 mètres avant les Rochers de Naye. On retrouve une nouvelle tablée au Sautodoz, un très bel endroit pour les bénévoles. A l'abri sous le sommet (qu'on contourne), la vue plongeante sur le lac Léman et donc l'arrivée (!) est superbe. Les barres ovomaltine crunchy le sont aussi. Au palais ça passe trop bien, notre humeur est au beau fixe, on poursuit avec une dernière montée pour rejoindre le col de Jaman. On est bien, on est facile. Plus qu'à amorcer les 1500 mètres de dénivelé négatif pour rejoindre les quais de Montreux. Heureusement, grâce à ces ressources revenues depuis l'aube, les jambes veulent bien dérouler en descente. Donc on plie les bâtons, on les range et on y va! A boulet! A boulet version on avance depuis quasi 30h quand même, alors même si on pense aller vite, en regardant les chiffres on passe difficilement sous les 8' au km. En dévalant la pente, on y pense pas aux chiffres, c'est juste ce plaisir qu'on savoure. Le plaisir de savoir que c'est bon, le plaisir de plus se dire qu'on va encore souffrir à gravir un col, le plaisir à se dire qu'on peut encore courir dans ces superbes gorges, ce terrain emplis de racines et de marches. Rejoindre la vieille ville donne l'impression de rentrer de vacances. Ça fait un paquet d'heures qu'on est debout avec cette mission de rejoindre Montreux. Pendant longtemps on était juste les deux, parfois en silence, parfois moins. Les étoiles nous ont accompagné. Le soleil et des copains aussi. Quel beau voyage. J'en veux encore, que c'était bon.


1^: le compte-rendu est resté à l'état de brouillon.
2^: La Montagne intérieure, Lionel Daudet

Pour aller plus loin

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<![CDATA[Livigno Skymarathon]]>Quelle chance de vivre une région si belle. Participer à une course, c'est aussi une occasion de se faire ce genre de piqûre de rappel. Traverser la Suisse, les Grisons en particulier, donne cette opportunité de renouveler son admiration pour ces paysages magnifiques, si proches de chez nous.

L'occasion d'un road-trip à travers les Grisons, ici le Piz Bernina, le 4000 des alpes orientales

L'occasion d'un

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http://runboyrun.ch/livigno-skymarathon/0d2150fa-9f9b-44f9-9315-d3fcdaf10fb6Tue, 25 Jun 2019 19:29:00 GMT

Quelle chance de vivre une région si belle. Participer à une course, c'est aussi une occasion de se faire ce genre de piqûre de rappel. Traverser la Suisse, les Grisons en particulier, donne cette opportunité de renouveler son admiration pour ces paysages magnifiques, si proches de chez nous.

Livigno Skymarathon

L'occasion d'un road-trip à travers les Grisons, ici le Piz Bernina, le 4000 des alpes orientales

Facile de s'habituer aux terrasses italiennes accompagnées de Spritz, pizzas et autres tiramisus. Ajoutez une vue sur les montagnes, à 360° pour me combler. Livigno, on s'y fait donc vite même si j'ai été surpris par la taille de ce "village" de montagne. On est loin du petit coin sauvage, reculé et déconnecté. Non ici les magasins sont pléthores, c'est clairement une zone touristique fréquentée.

Arrivés le jeudi en fin d'après-midi, je récupère mon dossard accompagné de ses goodies de course. Italie oblige, on reçoit non seulement des pâtes mais aussi une bouteille de vin et un hoodie. Le parcours affiché sur le mur confirme le changement pour cette édition. Suite à un hiver fourni, on ne peut suivre le parcours habituel. Trop de neige, trop dangereux. Prétexte pour revenir faire un tour l'année prochaine? On verra tout ça, moi je repars avec mes goodies, tout content de recevoir ces petits cadeaux et trépignant de parcourir ces monts qui nous entourent. Frais breuvage pour fêter cette joie avec ma maman qui m'accompagne ce weekend. Une belle assiette melon jambon de parme tiens ça fait plaisir aussi. Ce coin est parfaitement adapté pour moi car j'y trouve un super terrain de jeu bien que je préfère un peu plus sauvage, ici les pentes sont tapissées de remontées mécaniques quel que soit le versant. Mais d'un autre côté c'est top car ma maman y trouve aussi son lot grâce à toutes ces boutiques et ces restaurants. Les remontées donnent aussi la possibilité de se ballader pour quelqu'un de pas trop sportif comme elle. Quoiqu'il en soit, je suis impatient!

Un bon plat de pâtes le soir après le briefing plutôt longuet (présentation de quelques athlètes pros, directives en italien et en anglais) et ensuite je prépare mon sac, un tout nouveau ultimate direction, avec grande excitation. Le parcours est remanié mais reste alléchant: 32km 2600m de D+ avec des crêtes et des passages dans la caillasse entre-coupé par une portion munie de chaînes.

La chaleur dans notre chambre m'empêche pas de dormir suffisamment, je me sens frais au réveil. Toujours cette excitation d'avant-course, particulière et affectionnée. Mon petit-déj reste simple, un athlète me demande quel parcours je fais. Lui et son ami sont sur le 17. Dommage que je ne sais pas produire une seule phrase en italien, ici c'est une barrière, tout le monde ne se débrouille pas forcément en anglais. Je savoure mes tartines de miel et mon café alors que je vois certains athlètes rejoindre le départ. Notre hôtel se situe à quelques centaines de mètres, très bien situé, bonne cuisine et confortable, je peux que le recommander, on s'y est très bien sentis.

Je remonte chausser mes grolles, endosser mon nouveau sac veste ultimate (avec système de fixation intégré pour les bâtons, très sympa) pour finalement rejoindre la ligne de départ. Le ciel est partiellement couvert, la température agréable. Certains athlètes sont hauts en couleurs, des italiens je crois, avec des tenues fluos rose, jaune, vert. Ca flashe et c'est cool. Dans le bloc de départ, l'ambiance est agréable, la speaker fait ses derniers rappels concernant la matériel obligatoire (sommairement vérifé au moment d'entrer dans le bloc de départ) et vient alors le compte-à-rebours. Paisible, j'observe les différents spectateurs, certains à leur balcon, d'autres aux abords de cette rue principale qui va nous voir tous défiler à toute vitesse après le coup de départ.

A toute vitesse, je vous dis. On fait du 15km/h pour démarrer cette course de 32km avec 2600m de D+. Moi ça me plaît toujours autant la vitesse, mais quand même ça fait drôle. Un côté sympa avec cette course, c'est qu'on arrive au même endroit d'où l'on part. Une belle boucle en montagne. C'est à cette vitesse que le peloton s'étire tout gentiment, on traverse le village, on longe le cours d'eau qui se jètera plus loin dans le lac de Livigno pour finalement rejoindre la première montée. Elle arrive comme un soulagement pour moi car je sens que mon ventre n'a pas apprécié des masses de partir sous les chapeaux de roues, je l'avais pas trop préparé à démarrer les hostilités en mode marathon. Cette première ascencion nous permet de suivre le mode habituel queue-leu-leu, souffle et allure câlés sur mode on gère. A mesure qu'on monte, la vue se dégage. Après une première section en forêt, on aperçoit le village d'où on est partis, et de l'autre côté la prochaine grosse ascension. Mais avant il faut atteindre le sommet de cette butte et redescendre dans son dos. Le village est à 1800 mètres, le sommet 2400. Début raisonnable. L'air vivifiant des crêtes me permet d'accélérer, je reprends quelques camarades de jeu et amorce la descente vers le premier ravito. Ca rigole pas par endroits, c'est bien raide. Entre le bide qui fait des siennes et mon genou qui grince, je rejoins le ravito ravi mais préoccupé, je fais déjà une pause. Entre limiter les dégâts et jauger l'état de la machine, je repars tranquille après un ou deux coca et quelques friandises.

Livigno Skymarathon

Parti à fond les manettes, mes traits déjà tirés après la première petite ascension.

La suite est un faux-plat descendant parsemé de bosses jusqu'à l'embouchure du lac de Livigno. On parcourt le flan de la montagne qu'on vient de gravir, parmis les pins et la roche calcaire. Je reprends du poil de la bête avec ces odeurs que j'affectionne si fort. Sur le plat du bord du lac, je reprends du monde et me croche à la foulée d'un collègue. On croise quelques randonneurs dont un volubile nous lance avec enthousiasme un flot de paroles. J'y capte rien, forcément, et lui demande ce qu'il nous a dit. Il m'explique, "ne regardez pas en face ce qu'il vous attend!". Aha, c'est vrai, la prochaine montée semble plus demandeuse.

Mais avant de s'y attaquer, on remonte le même ruisseau que tout à l'heure pour rejoindre un pont en bois qui nous permet d'enjamber le cours d'eau. Sur l'autre rive, on peut se diriger vers la montée pour Il Motto, mais ravito avant. Je repars tranquille après ce nouveau répit.

Cette grosse montée évoquée par le randonneur est celle qui nous mène aux points hauts de la course. Elle est longue. J'ai le moral, je me fredonne des airs que j'aime et j'avance tranquillement. Il pleuvine alors que le ciel semble dégagé, ambiance sympa. Nouveau ravito à un refuge, un peu avant d'arriver dans la caillasse. Je savoure la vue, me restaure et repars tranquillement, seul pour les 500 mètres de dénivelé qui nous séparent encore du sommet.

La dernière partie se franchie au moyen de chaînes, ça bouchonne un peu mais voilà la crête. Un bénévole posté là, la banane au visage m'encourage à continuer comme ça. C'est cool, ça fait trop plaisir. Quelques mètres plus loin, à la vue des sommets, mes pas maintenant dans la neige, je crie ma joie. Quel plaisir d'être là! Je reviendrai volontiers pour faire le parcours normal, c'est tellement beau là-haut, sauvage. C'est par là que je retrouve sur mon chemin Alexis Berg, co-auteur du magnifique livre Le Grand Trail. Arrivant à sa hauteur, je lui lance que j'aurais dû prendre mon exemplaire pour une petite séance de dédicace. Je me pose à côté de lui un moment pour savourer l'endroit et échanger 2 mots avec lui. Il est monté jusque-là avec tout son matos juste après le départ. Physique comme métier ça aussi. Il m'offre un carré de choc, merci!, et je repars savourer la suite. Surplombé par une belle pointe, on franchit un passage exposé avant que la descente s'amorce. Raide de part et d'autre, il faut pas trébucher mais ça passe plutôt facilement et si besoin une corde est présente pour rassurer.

Livigno Skymarathon

Pour de vrai, quel plaisir d'être là.

La descente se fait en grande partie dans la neige ce rend les festivités d'autant plus fun. Je m'amuse bien et savoure pleinement le côté sauvage des coins où l'on passe.

Passé la neige, on retrouve les cours d'eau, les rodhos, les prairies. Dans la montée suivante, en forêt, je loupe un virage et emmène avec moi un autre coureur. Arrivé au niveau de la dernière portion de la descente finale de notre course, je me rends compte de mon erreur. Une fille me confirme que la course doit d'abord passer par le sommet avant de venir ici. Je rebrousse donc chemin (celui que j'ai emmené lui va direct sur l'arrivée). Lorsque je retrouve la forêt, je vois non pas un mais 5 fanions alignés indiquant la direction de la course. J'en sourie tout en immortalisant tout ça par un cliché.

Bon maintenant faut continuer de monter. Quelques coureurs à quelques dizaines de mètres. J'appuie mon pas pour les rejoindre. Ca prend bien trop peu de temps pour les reprendre, ouai bon, les gaillards sont un peu mou de la guibole. Faut dire qu'on court depuis passé 4h maintenant. Avec ce détours j'ai perdu une vingtaine de minutes dans l'histoire.

Cette montée m'entame. Au prochain check de la puce, je demande à la dame combien il reste avant de redescendre. Elle me dit, "un petit peu". Je me raccroche à ça mais le "petit peu" me paraît une éternité. Le ravito du haut sonne la fin des dénivelés positifs. J'en suis ravi, maintenant j'ai envie d'un bon perrier menthe en terrasse tiens. Mais il faut encore descendre et on s'est sacrément éloigné de Livigno!

La dernière portion s'amorçe par un long plat et je me rends compte que mon genou devient de plus en plus douloureux. On se relaie avec 2 autres coureurs mais lorsqu'on arrive au virage qui démarre la descente pour de vrai, je m'arrête. Ils me demandent si tout va bien, je fais signe que oui et les laisse filer. Je crains de ne pas voir l'arche d'arrivée tout de suite... Moi qui aime tant les descentes, c'est une torture de devoir m'arrêter si souvent pour masser mon genou, faire quelques flexions soulageantes. Me voilà forcé de raboter mon plaisir à la descente. Du coup je me concentre sur ce qui m'entoure, ces rhodos, ces pins, la vallée, la journée est magnifique on va pas commencer à se plaindre ou quoi! Je retrouve la descente que j'avais atteint en m'égarant du parcours. Je m'aide toujours plus fort de mes bâtons pour descendre, mon genou me faisant mal, toujours plus mal à la descente. Par moments je descends en faisant des pas chassés, comme une balerine… ou pas. J'entends l'animation d'arrivée maintenant, il me presse d'y être et de retrouver nos terrasses affectionnées. Enfin en bas, je n'ai plus qu'à parcourir une longue rue du village qui mène jusqu'à l'arrivée. Mon pas s'accélère, mon genou ne souffrant plus vraiment sans dénivelé.

La ligne d'arrivée franchie, mon bonheur bien présent, je me rue sur les denrées du ravitos. Ma montre indique quand même passé 6h d'effort, je m'attendais pas à faire si long! Il fait bon, je me dirige vers les bistrots et y retrouve facilement ma maman où je l'obtiens enfin mon perrier menthe! Ils n'ont pas de perrier hélas mais la satisfaction est belle et bien présente. Que c'est bon ces moments.


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<![CDATA[High Trail Vanoise]]>3h, 3h05, 3h10. Pas des temps de marathon mais les 3 alarmes prêtes à sonner sur mon iPhone. Tout excités, on se couche sur les coups de 22h après plusieurs heures de route, la prise de notre dossard et autres goodies (on reçoit un Opinel quoi, quelle classe!) et notre

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http://runboyrun.ch/high-trail-vanoise/7a22caa0-0ea9-4e68-98ca-96694136ac93Tue, 17 Jul 2018 19:35:26 GMT

3h, 3h05, 3h10. Pas des temps de marathon mais les 3 alarmes prêtes à sonner sur mon iPhone. Tout excités, on se couche sur les coups de 22h après plusieurs heures de route, la prise de notre dossard et autres goodies (on reçoit un Opinel quoi, quelle classe!) et notre dernier ravito paisible. Quitte à prendre du bon temps, je m'offre même un verre de rouge. Bien m'en a pris, ça calme un peu mon excitation qui se rapproche du délire par moments.

Le dodo se passe tout bien, aucun problème. La première des trois alarmes suffit. La tête dans les choux pour ma part, on rejoint la ligne de départ.

300 coureurs au départ apparemment. C'est parti pour 70km, 5400 mètres de dénivelé et des passages en altitude, jusqu'à 3600 mètres.

Nos frontales branchées, les premiers kilomètres passent facilement. Montée tranquille. Le temps glisse jusqu'aux premières lueurs du jour. A dire vrai, ces moments dans la nuit ne m'ont pas paru trop long, le réveil se fait en douceur. Lorsque les reliefs commencent à se démarquer, le ciel violacé, je déguste. Quelle joie de profiter de ces moments de l'aube, à passé 2500 mètres!

Le premier ravitaillement se profile au 15ème kilomètre. Le même que nous rejoindrons au km 20 après notre passage sur le sommet de la Grande Motte. Cette course offre bien suffisamment de ravitaillements, tous aussi bien les uns que les autres. Tucs, pain d'épices, bouillon sur l'un d'eux, pain, chocolat, compotes de pommes... Il y en a pour tous les goûts et l'accueil est toujours agréable. Top.

Chausser les Yaktrax, voilà une autre nouveauté pour moi sur cette course en plus de parcourir des sommets si élevés. Ça tient bien ces machins, c'est génial! Le dernier km de l'ascension se fait en file, les câbles fixes nous accompagnent. Le râle d'un japonais aussi. C'est vrai que c'est fatigant mais quand même, mets-là en sourdine! Bref, on atteint le sommet. Je ne sais pas comment décrire ce que ça fait d'atteindre ce genre d'endroits après quasiment 4h de course déjà. Cette impression d'être plus haut que tout. Faire un tour sur soi et de voir un ciel sans nuage, bleu azure, ces sommets majestueux, cet air frais, pur, l'envie de crier sa joie. Je ne me lasserai jamais de vivre ces émotions que fait surgir un parcours montagneux. Il nous reste plus de 50km à parcourir il faut donc pas trop trainer. La descente se fait elle aussi pour la première partie l'un derrière l'autre. Heureusement qu'il n'a pas plu de la nuit, je n'aurais pas aimé parcourir cette roche en terrain glissant.

High Trail Vanoise

Ca valait la peine de se lever!

Le bonheur de la descente. Toujours présent pour moi, j'adore ça. Et avec ces Yaktrax dans la neige, c'est bien fun! Je m'amuse et rejoints le ravitaillement rapidement avec dans l'idée de changer de chaussettes, ôter Yaktrax et mes manchettes sans faire trop attendre Loïc. Comme ça fait du bien d'enlever ces chaussettes longues! J'étais pas fan de les mettre, mais courir sur glacier avec ça c'était sûrement plus sage vu mes très hautes compétences en matière de chute et de pertes d'équilibre. Etonnement, aucune chute au compteur jusque-là.

Quelques bouchées et c'est reparti. Et là, le premier hic pour moi. Passé quelques foulées dans la neige, je me retrouve à ressentir un sacré coup de barre! Crevé. Ça m'inquiète parce que c'est super tôt, on vient tout juste de passer la marque du semi-marathon! J'avoue ma petite forme à Loïc au bas de la descente, sur les bords du lac de Tignes. Le brave me rebooste et me rassure. Ça a beau être tôt, ça va finir par passer, penser positif comme il dit! Et effectivement ça va finir par s'atténuer. La montée suivante est douce et pas trop longue ce qui nous permet de rejoindre un plateau et une belle descente dans de bonnes conditions.

High Trail Vanoise

Interminable montée, La Daille déjà minuscule, c'est pourtant loin d'être fini.

Atteint le km 35, on se trouve à mi-chemin! De la musique au ravito, une jolie ambiance qui redonne aussi de la motivation à continuer. Je me sens mieux mais c'est sans savoir complètement ce qui vient. La montée depuis ce ravito à La Daille jusqu'au Passage de Picheru fait très, très mal. Interminable et raide, la chaleur n'y arrangeant rien, c'est surtout l'effort discontinu qui m'entame. Ces 900m de D+ sont pas cool mais voir le ravito précédent devenir toujours plus petit au fil des lacets donne du courage. Le passage atteint, on attaque une descente qui me montre à nouveau que j'ai tout de même encore des ressources. Les jambes tournent bien mieux sur le dénivelé négatif.

High Trail Vanoise

Le lac du Santel

Au ravito, je rejoins Loïc qui m'a lâché dans la montée. Cette fois-ci c'est lui qui grince un peu des dents, sa hanche le faisant souffrir. Il se masse par prévention. Je me ravitaille tranquillement en admirant l'eau turquoise, rassuré d'avoir que 300m de D+ avant la prochaine descente. Son massage terminé, on monte ensemble tranquillement. Le Col de la Bailletaz nous accueille après ces 300 mètres terminés. Et là je ne peux m'empêcher d'appuyer dans la descente. Ça me fait un bien fou de voir que que c'est revenu. On se tire la bourre avec un autre coureur. Le terrain est technique mais pas trop on peut vraiment bien dérouler sur ces lacets. On passe pas mal de monde, et il me laisse finalement aussi passer devant. Après plusieurs kilomètres, je commence aussi à fatiguer un peu au niveau des quadris et genoux, je ralentis donc mais j'arrive au ravito du Fornet rassuré et avec la banane. Singularité ici, on nous offre du bouillon que je ne manque pas de prendre. Refaire une petite réserve de sel avec du bouillon m'a toujours bien plu. Quand Loïc débarque il m'avoue que ça ne s'arrange hélas pas trop son mal. Il profite des soins des kinés présents et on prend bien le temps de se ressourcer avant la prochaine montée.

High Trail Vanoise

Ces rhodos me donnent du peps

On reprend direct avec la montée du GR 5. Loïc passe donc de nouveau devant. Il garde un rythme tranquille je parviens à rester avec lui. Moins péchue, cette montée va nous amener tout de même à 3300m à l'Aiguille Pers. Moins péchue peut-être mais passé le ravito du Col de l'Iseran on prend un coup au moral en voyant ce qu'on a encore à grimper avant de retourner sur Val-d'Isère. Le sommet paraît tellement loin, tellement haut, les coureurs là-haut ne sont que des points infimes. Je n'ai pas envie de croire mon coéquipier, on doit monter encore 700m de D+ tu plaisantes?! C'est long, on commence à avoir froid à cause de la fatigue qui s'accumule sûrement mais comme toujours, se retrouver tout en haut fait plaisir. La vue impressionne mais le froid accélère notre départ et on s'amuse à glisser dans la neige.

De retour au Col de l'Iseran on nous annonce la dernière montée à 200m de D+. On touche au bout! Je caille encore plus après qu'une bénévole m'ait renversé de l'eau sur ma main, je ne parviens pas à avaler mon pain d'épice, il finit dans la poche de ma veste et je reprends mes bâtons. On se remet à monter sec pour rejoindre un tunnel de 200 mètres de long qui nous permet de retrouver le cirque des Lessières, au-dessus de Val-d'Isère. Quelques bosses face au soleil couchant, de grosses gouilles ou de petits lacs c'est selon, la lumière est apaisante. Va falloir penser à aller se coucher. Je me réjouis de voir l'arrivée, on finit par avoir le village à vue mais qu'il est loin, en bas! Les pentes raides me font souffrir les genoux à force. Avant d'amorcer une nouvelle descente bien raide, je stoppe Loïc et profite d'enlever mon coupe-vent, mes manchettes mais surtout de reposer mes genoux. Soulagés, la suite se déroule mieux. On dévale les derniers mètres. On sait que c'est bon, on va y arriver! Partager l'arriver à deux, c'est marquant. On va s'en souvenir de cette superbe virée. Quelle ballade!

High Trail Vanoise

Finishers!

70km, 5400m de dénivelé. Ca fait mal, mais quel bol de pouvoir vivre ça. Quasi 16h de course, des images plein la tête. J'en veux d'autres des comme ça. Si on était 300 à partir sur le grand parcours, nous ne sommes que 221 au total à rallier l'arrivée malgré une rallonge de 30 minutes sur les barrières horaires. Cette course n'est franchement pas des plus faciles!


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<![CDATA[Rétro 2017]]>J'imaginais écrire quelques CR avant de faire un retour sur cette année 2017. Des changements récents m'ont démotivé à écrire, et les deux dernières courses de l'années se sont terminées sur des bobos des coéquipiers donc pas drôle.

2017 m'a tout de même permis de découvrir de bien beaux coins.

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http://runboyrun.ch/retro-2017/fde685f1-e22d-4782-a0c7-978ea7f5b1c5Sun, 31 Dec 2017 14:16:00 GMTJ'imaginais écrire quelques CR avant de faire un retour sur cette année 2017. Des changements récents m'ont démotivé à écrire, et les deux dernières courses de l'années se sont terminées sur des bobos des coéquipiers donc pas drôle.

2017 m'a tout de même permis de découvrir de bien beaux coins. Mon plus beau souvenir je crois reste La Palma. Pour l'expérience dans son entier, ces vacances m'ont donné une sacré joie de vivre. Les souvenirs restent et resteront imprégnés à mon esprit. L'air marin, la gentillesse et la bienveillance des locaux, la compagnie fortifiante d'Alain. Tout a concordé pour faire de cette Transvulcania un séjour mémorable.

Une série d'autres moments bien sympathiques ont défilé durant 2017: un bon marathon à Zürich où j'ai fait ma meilleure perf mais cela n'a pas suffi pour Boston, j'ai encore loupé, cette fois-ci pour 17 secondes. Soit. Je retiendrai de ce weekend zurichois les bons moments passés en famille et avec les potes qui m'ont rejoint le jour de la course.

Le Trail des Patrouilleurs à Crans-Montana nous a permis avec Loïc d'admirer une nature époustouflante. Sauvage, orange, isolée. C'était beau j'en reveux des comme ça mais sans bobo. Loïc s'est foulé la cheville au 15ème ce qui nous empêchera de terminer. On va jusqu'au 30ème, chapeau le Loïc.

Le genre de beauté que nous fait voir le Trail des Patrouilleurs

Le genre de beauté que nous fait voir le Trail des Patrouilleurs

La dernière de l'année, la SaintéLyon nous a offert des conditions épiques avec un ressenti par moments jusqu'à -10°. C'est froid surtout quand tu te prends la bise de face. Mais la pleine lune a rendu ce voyage nocturne plutôt paisible (si on peut trouver la paix entourée de milliers de frontales). Là encore, le 15ème km a été fatal cette fois-ci à Tristan avec qui je fais la course. On termine mais on est forcé de marcher à partir du 30ème. Du coup, ça prend pas mal de temps pour rejoindre l'arrivée, à 72km de St-Etienne. Moi qui n'avais jamais voulu faire cette course de nuit sans rien pouvoir observer, je suis content d'avoir pu la faire avec un pote. Partager le parcours avec quelqu'un est toujours sympa, ça motive, ça crée des souvenirs.

Des coureurs à perte de vue!

Des coureurs à perte de vue!

De belles sorties en solo, dans les alpes et dans le jura ont aussi laissé des traces en 2017. Monter à la Dent d'Oche sous une grosse chaleur, arriver à St-Gingolph et savourer une bonne blonde et des chips pour ensuite traverser le Léman et rejoindre Vevey, un savoureux moment de solitude. Une superbe semaine en Gruyère m'a aussi donnée la chance de découvrir de nouveaux coins, seul et accompagné que je me réjouis déjà de renouveler. J'aurai la chance d'y retourner facilement ces prochains temps.

Pas de gros bobos en 2017, c'est bien. Les longues sorties ont tendance quand même à mettre à mal mes genoux, il faudrait accentuer le travail de renforcement musculaire. Pour 2018, je me vois bien continuer à découvrir notre belle planète en courant. Quelques projets prennent déjà forme comme le marathon de Berlin, sur lequel je compte bien passer sous la barre des 3h. Je compte aussi découvrir mon nouvel environnement bernois. Je salive déjà à l'idée de parcourir cet Oberland qui me fait de l'oeil depuis plusieurs saisons.


Mes stats 2017 en vidéo, merci Strava: https://2017.strava.com/en-us/videos/1b35a277b32dee9cf5ff47813632d83360d139c9/

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<![CDATA[Transvulcania]]>Depuis plusieurs années je salivais devant les clichés fantastiques de cette course. Voilà arrivé mon tour de pouvoir traîner mes runnings sur La Palma, île la plus à l'ouest de l'archipel des Canaries pour participer à la Transvulcania. Ultramarathon de 74km accompagné d'un dénivelé accumulé de 8407m...

Il se passe

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http://runboyrun.ch/transvulcania/ab572bc7-d1d3-4ec4-87d9-d2f72143ccd5Sun, 28 May 2017 20:03:00 GMT

Depuis plusieurs années je salivais devant les clichés fantastiques de cette course. Voilà arrivé mon tour de pouvoir traîner mes runnings sur La Palma, île la plus à l'ouest de l'archipel des Canaries pour participer à la Transvulcania. Ultramarathon de 74km accompagné d'un dénivelé accumulé de 8407m...

Il se passe bien des choses sur 74km mais s'il fallait donner 3 moments forts de cette journée:

  • Voir les pécheurs quitter lentement le rivage, l'océan timidement illuminé par la lune dégage une grande paix avant le départ.
  • La vue sur la mer de nuages alors qu'on court les crêtes. Une bonne partie de la journée, on ne sait plus où donner de la tête, déboussolé par des paysages à couper le souffle.
  • L'ambiance d'un public passionné. Que ce soit au premier village traversé ou à l'arrivée, il faut y être pour comprendre la passion des espagnols pour cette course.

Pour un peu plus de détails, voilà la suite…


Les autocars arrivent les uns après les autres à Faro de Fuencaliente pour y déposer les coureurs provenant des hôtels de l'île. Les haut-parleurs crachent leur musique bien trop fort à mon goût. Je comprends qu'on veuille donner de l'ambiance mais j'aurais adoré démarrer cette journée simplement à admirer la lumière, l'océan tout calme et ces 3 bateaux de pécheurs qui s'évadent tout tranquillement. Un océan moins calme, garni de frontales, cogite derrière la banderole de départ alors que chaque coureur attend le coup de feu prévu pour 6h. 2000 valeureux, impatients de transpirer sur le GR131. C'est grisant mais je ne peux m'empêcher de trouver cette musique bien trop forte, pas assez réveillé peut-être.

Départ! L'obscurité entoure notre file de frontales. Impossible de vraiment courir tellement on est à arpenter ce sentier. Ça bouchonne et les embouteillages perdureront ici et là jusqu'au premier ravitaillement au village de Los Canarios. Ambiance de fou. Il est à peine 7h du matin, un samedi et pourtant l'ambiance est endiablée. Je profite de tout ça au moment d'empaqueter ma frontale dans le sac. A noter qu'on avait pris le temps de parcourir ce bout de l'île en courant dans le coin et c'était vraiment une bonne idée. L'obscurité ne nous a évidemment pas permis de profiter de la beauté du terrain que l'on parcourait et cet endroit vaut vraiment le coup d'oeil. L'océan, le sol volcanic noir, la roche rougeâtre. A voir absolument.

Si on a déjà fait plus de 700 mètres d'ascension, ça va encore monter un sacré moment. La sortie du village nous pousse dans la forêt. La lumière du jour pointe mais les rayons du soleil ne nous font pas encore le plaisir d'être de la partie. Au moment des premiers rayons qui transpercent les pins qui m'entourent, je ne peux m'empêcher de prendre un cliché. C'est beau, mais je ne sais pas encore ce qui m'attend. Quelques dizaines de mètres encore et voilà qu'on sort du bois et que l'océan apparaît, d'autres îles visibles au loin. La douceur de la lumière, le sol noir volcanique contrasté par ces arbustes jaunes. Obligé de reprendre une photo, un coureur sourit. Alors que je repars, on se met d'accord: on est gâté, c'est splendide!

Transvulcania

Ça monte, ça monte!

Pendant quasi 18km on ne fait que monter. Des moments un peu plus roulables que d'autres mais dans l'ensemble ça reste costaud et fatigant. Alors qu'on démarre la descente et qu'à mon habitude je me retrouve entouré de coureurs moins à l'aise en descente je déboule et dépasse. La fatigue et les jambes lourdes, je me surprends à penser que le ravitaillement se fait vraiment désirer, je me dis même que je pourrais m'y arrêter et attendre l'arrivée d'Alain qui lui fait le semi. On pourrait se rendre à l'arrivée ensemble en bus et profiter des tapas… Non mais ça va pas? On n'est pas venu jusque-là pour abandonner au premier tiers! Voilà le ravito du refuge El Pilar (non sans avoir été dépassé par Rémi Bonnet, 1er sur la course du semi, sans bruit à toute bombe, alors qu'on monte un faux-plat avant la dernière descente sur le refuge), je prends bien mon temps pour récupérer. Savourant les morceaux de pastèques (yeah!), je suis tout étonné de voir un peloton partir quelques mètres plus loin. Mince! Le marathon part à 10h depuis le refuge, je vais devoir courir avec pas mal de coureurs autour de moi durant les prochains kilomètres.

Dommage mais bon mon envie de retour je m'en vais arpenter la suite de ce tracé qui nous emmène maintenant sur du chemin plus large pendant un long moment. Entouré de tous ces coureurs du marathon, un chemin large qui ne demande pas beaucoup de concentration, plus de vue, passage en mode automatique. Il faudra traverser encore un ravito avant que ça se remette à vraiment grimper. Heureusement, on entre alors dans une très belle forêt. L'humidité et le terrain empli d'aiguilles de pins et par endroits tapissé de mousse rend le moment assez féérique (3ème photo de l'insta ci-dessus). Le sol absorbe le son de nos pas, le chemin nous force à rester en file indienne, ce passage est encore dans mon esprit. C'était apaisant, rafraîchissant, je ne m'y attendais pas.

Ça nous prend 20 kilomètres de montée avant d'arriver au point culminant du parcours: Roque de los Muchachos. Pour y parvenir, on a eu d'abord la chance de sortir du nuage qui nous entourait pour retrouver la vue incroyable. Les nuages forment une couette dans laquelle on a envie de sauter, on parcourt sous le soleil un terrain plus aride. Par courts moments, on peut lâcher les chevaux, mais il faut souvent relancer et mes jambes commencent à clairement donner des signes de fatigue. Pas grave. Je savoure de nouveau plusieurs morceaux de pastèques au ravito, un peu de coca pour calmer mon bide aussi même si, enfin!, il m'a permis de profiter d'une course sans souci.

Passé ce ravito et ses observatoires astronomiques, il faut maintenant nous porter sur cette très longue descente de 14km. Au début pas de problème, j'admire même encore la vue magnifique sur la caldeira de Taburiente. C'est captivant de voir ces à-pics, cette roche qui passe des tintes noires à jaune, rouge. Donc pas trop dur au début de laisser tourner les jambes à la vitesse qu'elles veulent. Par contre plus on avance plus ça devient compliqué. Peu de répits, ça descend sans arrêt et je crains parfois de me pincer le dos. Très content d'avoir les bâtons avec moi sur ce coup. Ils m'aideront beaucoup. Mon allure baisse invariablement alors que mes jambes durcissent. Le tronçon final de cette descente est en fait le kilomètre vertical parcouru 2 jours avant. Elle mène à Tazacorte, une mignonne petite ville dont le port devient visible alors qu'on s'engage sur ses lacets très accidentés.

Transvulcania

La descente sur Tazacorte, aussi belle qu'éprouvante

C'est pas facile pour moi. J'arrive plus vraiment courir, je vois la ville toute petite en bas, j'entends l'ambiance réchauffée et rêve d'y être à savourer un morceau de pastèque. Mais voilà il faut se prendre tous ces lacets. A force d'avancer on finit par y arriver et l'ambiance au pied de cette terrible descente est savoureuse. Un tapis bleu accompagne la fin du marathon, moi je continue et me rue sur les pastèques avant de passer par un rideau d'eau qui me fait un bien incroyable…

La partie descente est terminée. Plus qu'à… remonter à peu près 300 mètres d'altitude pour rejoindre la ligne d'arrivée. Au moins, maintenant je suis persuadé que je vais terminer et ça me fait bien plaisir. On foule la plage de Tazacorte pour ensuite rejoindre un canyon très sympa.

Transvulcania

Dans le canyon avant la montée sur le village d'arrivée

J'arrive à nouveau courir et je reprends quelques coureurs. J'en reconnais plusieurs qui m'avaient passé dans la descente. Ravi de ma forme, je grimpe jusqu'à Los Llanos avec entrain mais depuis Tazacorte ça m'aura tout de même pris 50 minutes. Suite au canyon, ce sont les plantations de bananes qu'on traverse pour nous retrouver en haut. Les cultures de bananes en terrasses. Nous on a le raisin, eux ce sont des bananiers, à perte de vue c'est très beau. Les premières habitations rejointes, quelques enfants s'amusent de nous voir passer. Les premiers sont arrivés il y a presque 6h! Malgré ça, le public est là et durant le long boulevard qu'on emprunte dans la ville, ce sont des centaines de Venga venga venga, cris et applaudissements qui nous acclament. Je prends un max de plaisir et me remets à vraiment courir et toper les mains des enfants, c'est trop bon! La douce lumière du soleil m'accompagne, je passe une banderole, fais un S et vois le chronomètre qui affiche au loin 12h50. Le tapis est orange pour nous sur le grand parcours, je le foule et la joie est décuplée quand je vois qu'Alain fait partie de ceux qui m'encouragent. Je vais le prendre dans mes bras avant de sprinter les derniers mètres qui me séparent de l'arrivée. Pas de bobo, un énorme plaisir d'être dehors parmi ces paysages splendides durant toute la journée, fatigué mais pas explosé, je suis heureux d'avoir eu la chance de voir ce que c'est cette Transvulcania.

Transvulcania

12h50 de bonheur culminé par l'arrivée, toujours un grand moment d'émotion

Mon objectif était de faire le parcours en entier et de le faire dans la limite de temps imparti pour que ma montre puisse tout enregistrer. Ma Suunto réglée pour passer en mode signal GPS Good au lieu de Best, le réglage indiquait une autonomie de 15h. Le faire en 10h (GPS Good) aurait été sacrément ambitieux mais vu ma forme à l'arrivée, j'aurais peut-être pu tenter le coup. De toute manière, comme d'habitude, ces courses-là je ne les fais pas les yeux rivés sur le chrono mais bien sur ce qui m'entoure, occupé à me créer des beaux souvenirs. Et cette semaine à La Palma m'a sacrément gâté en l'occurence, que le retour fut dur! Les p'tits déj face à la mer durant des heures à refaire le monde, les ballades à travers des décors somptueux, les tapas et le tenancier à Los Llanos, la pluie à Tazacorte au moment de trouver une table, les souvenirs sont nombreux. Cette île est à voir et la Transvulcania permet de s'en faire une magnifique représentation.

Pour finir, voilà le film qui m'a décidé à m'inscrire pour cette année. Les images parlent d'elles-mêmes:

"The Island" - La Palma Time Lapse Video from Christoph Malin on Vimeo.

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<![CDATA[Un Yak à l'Humani' Trail]]>http://runboyrun.ch/un-yak-a-l-humanitrail/09151e7b-9856-4bd2-90f4-5606a965f933Fri, 30 Sep 2016 20:40:42 GMT

27km à parcourir les hauts des Diablerets sous le soleil, avec des amis qui se mettent à aimer le trail. Du gros plaisir, sachant aussi que ce qu'on a payé pour avoir un dossard est reversé sur une dizaine de projets caritatifs au Népal auprès d’enfants défavorisés. L'humanitrail c'est ça. Un ensemble de courses dans les Alpes vaudoises, encadré par une équipe de bénévoles qui ont à coeur d'aider. Voici mon compte rendu de ces 27km, le trail du Yak.


Coup de feu à 10h15, sous le soleil, le peloton s'étire gentiment sur à peu près 3km avant d'arriver à la première montée déjà bien sèche. Le plat de résistance en fait et c'est pas plus mal, autant se le prendre quand les jambes sont encore toutes fraîches. A travers la forêt, on longe par moments les pilônes des remontées de Vers-l'Eglise, pour nous prendre 800m de D+ en à peine plus de 3km. Ca pique les jambes, ça glisse par endroits malgré les journées splendides de ce mois de septembre, mais je monte avec le sourire, tout content de pouvoir partager cette course avec des amis. J'aurais dû participer au 55km en relais mais malheureusement ça n'a finalement pas pu se faire, je me suis donc rabattu sur le 27km (à charge de revanche l'année prochaine Flo!).

Meilleret correspond au sommet de cette montée et les organisateurs ont eu la bonne idée d'y planter le premier des deux ravitaillements. Accueilli avec le sourire, je remplis ma flasque et me jète sur les Tucs (J'AIME LES TUCS!) et prends 30 secondes pour discutailler avec les bénévoles. Au moment de repartir, je suis émerveillé par la vue et ne peux m'empêcher de dégainer mon téléphone pour prendre une photo.

Un Yak à l'Humani' Trail

Passé la première montée, le plaisir de foncer sur ce replat après le ravito de Meilleret

La crête est roulante je reprends du monde facilement et manque de justesse de bien me fouler la cheville après un saut. On quitte ensuite la crête pour une descente que je déboule en déroulant les jambes, que j'aime ça! Les sensations sont bonnes, il faut dire que je suis en pleine bourre avec mon entraînement marathon qui suit bien son train et me permet d'avoir une super caisse. Je prends garde quand même à ne pas me mettre dans le rouge. Aujourd'hui comme à Interlaken, le but est de prendre du plaisir, sans se faire mal et de capitaliser pour le marathon de Lausanne.

Au moment de surplomber le lac des Chavonnes, à nouveau je ne peux m'empêcher de faire mon reporter photo. La lumière est magnifique, le terrain de jeu est varié c'est génial. Après mon cliché, je déboule la pente pour redépasser les même concurrents que je ne fais que croiser à force de descendre à boulet et de m'arrêter pour prendre des photos. Des pécheurs assis tranquillement au bord du lac doivent peut-être nous maudire à perturber leur tranquillité mais n'empêche que c'est un coin splendide qu'il me fait grand plaisir de revoir. Une famille a démarré un petit feu de camp que j'aurais bien rejoint avec une saucisse tiens… Mais bon, continuons à savourer ce parcours!

Un Yak à l'Humani' Trail

Le lac des Chavonnes

Passés le restaurant du lac, on attaque une nouvelle montée, la deuxième difficulté du jour. Je rejoins un concurrent de Fribourg que je croise pour la nième fois depuis quelques kilomètres. On cause un peu. Frustré par son tartare de la veille, il se plaint de peiner à avancer. Moi je suis content qu'il soit devant, je monte tranquille, c'est une bonne loco. Ensuite il me dit avoir 17 ans et quand je lui dis que j'ai presque le double il me nargue un peu. Je rigole mais le laisse derrière alors qu'il veut s'enfiler une barre énergétique. Je monte bien, il fait plutôt chaud maintenant, ça transpire, pour un 24 septembre c'est plutôt incroyable la chaleur qu'il fait. La montée devient de plus en plus technique avec la largeur de notre chemin qui se rétrécit, des pans vertigineux se font apercevoir par moments. On finit par rejoindre le Chamossaire, point culminant de notre parcours du haut de ses 2099 mètres. Accueilli, avec le sourire toujours, par quelques bénévoles, je rigole de la chance que la fille a d'être là. C'est splendide de surplomber le domaine de Villars, au soleil. Je lui souhaite une belle journée et me lance tête baissée dans la descente qui nous mènera au deuxième ravitaillement à Bretaye.

Un Yak à l'Humani' Trail

Il y a aussi une petite descente entre le Petit Chamossaire et le Chamossaire.

J'y parviens après une bien belle descente et m'arrête pour de vrai à ce ravitaillement parce qu'on avait convenu de se retrouver avec 2 de l'équipe d'amis sur place. Je ne les vois pas et prends donc mon temps à ingurgiter fromage et viande séché et un peu de coca. Des cors des Alpes sont là aussi, je vais vers eux pour savoir quand ils vont se mettre à jouer et me disent qu'ils vont en faire une pour moi. Aha, je savoure ce moment même si je ne comprends pas pourquoi mes amis ne sont pas encore là. Un sms et un appel plus tard pour se rendre compte qu'en fait elles se sont un peu perdues les nanas. Bon je promets d'attendre mais après plusieurs minutes je me dis qu'il va quand même falloir y aller parce que les jambes commencent gentiment à durcir! Un petit appel pour prévenir de mon départ et c'est parti, au revoir les musiciens!

Un Yak à l'Humani' Trail

On va en faire une pour toi!

La suite est une série de bosses un peu casse pattes mais roulantes. Des chemins bien larges qui nous mènent au hameaux de Ensex où se profile la dernière petite vraie montée. A peu près 100 mètres de dénivelé positif. Ca va on va pas tirer la gueule. En haut, on rejoint les coureurs du 15km avant de prendre la descente qui va nous mener aux Diablerets.

Un Yak à l'Humani' Trail

Juste avant d'amorcer la descente.

Et quelle descente. Technique à souhait, on est quasiment tout le temps en forêt donc la chaleur se fait moins pesante mais entre les racines et les bons cailloux parfois costaud, je me fais plaisir en restant toutefois concentré. Je dévale en prenant garde de rester décontracté pour ne pas me pincer le dos. Je passe pas mal de concurrents, forcément avec mon long arrêt au ravito ceux qui m'entourent sont un peu plus lents.

La fin de la descente correspond avec une brève sortie de la forêt pour rejoindre une clairière. Des façades verticales nous entourent, on court dans l'herbe en se sentant tout petit, je pousse un petit cri de joie. Ce sport me donne la banane!

Pour rejoindre la ligne d'arrivée, il nous faut encore parcourir une dernière forêt, enjamber quelques fois le court d'eau du coin dont une fois sur un pont népalais (bien cool!). Un tracé final fait de plein de relances, mais courir sur cette quasi piste finlandaise, c'est plutôt pas mal pour les articulations pour en finir avec ce parcours! Je me sens frais au moment de rejoindre le village, le public se fait un peu plus fourni, les derniers encouragements portent et je rejoins Jérôme que j'ai croisé aussi à plusieurs reprises. Il prend aussi pas mal de photos, en arrivant dans son dos je lui lance "alors c'est quelle année le tshirt vert?". Il porte en effet le tshirt finisher du semi-marathon d'Aletsch que j'avais fait il y a quelques années et que j'ai en rouge. Il me dit 2015. On se met alors à causer un peu et on termine la course ensemble. Je suis toujours content quand je peux terminer aux côtés de quelqu'un. C'est quelques minutes de partage mais elles valent le coup. Après la ligne, on se quitte avec le sourire en se topant la main et je vais me prendre quelques rasades de Rivella.

Attendre que les amis en terminent c'est nouveau pour moi sur un trail mais c'est bien sympa. Pieds nus dans l'herbe de l'arrivée, on est tout fou fou de voir Loïc, Maaike et Marc en finirent avec leur course. C'est une superbe journée qu'on n'aurait pas pu mieux terminer qu'en allant déguster notre fondue au bord du lac de Retaud.

Un Yak à l'Humani' Trail

Il est temps de rentrer reposer les yeux.


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<![CDATA[Marathon de la Jungfrau]]>Le marathon de la Jungfrau a été consacré plus beau marathon de montagne du monde en 1997. L'organisation profite de ce succès pour charger les prix. Du coup, même si cette course me faisait depuis longtemps envie, son coût d'accès me freinait et en plus il fallait pas louper la

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http://runboyrun.ch/marathon-de-la-jungfrau/3e7ae489-e18f-4e47-a3f4-f8a09ec7ef71Tue, 13 Sep 2016 09:30:49 GMT

Le marathon de la Jungfrau a été consacré plus beau marathon de montagne du monde en 1997. L'organisation profite de ce succès pour charger les prix. Du coup, même si cette course me faisait depuis longtemps envie, son coût d'accès me freinait et en plus il fallait pas louper la date d'ouverture des inscriptions, c'est un peu le Paléo des courses de montagne. Mais cette année j'ai eu la bonne idée de jeter un oeil aux offres de partenariats de La Poste, client où je travaille depuis 3 ans. Bien m'en a pris, le Jungfrau marathon figure sur la liste et je profite du coup d'un rabais qui renvoie mes hésitations au placard. GO. Je note la date des inscriptions dans mon agenda et ne manque pas de m'inscrire.

Je croise Robbie Simpson — 2ème à Sierre-Zinal cette année et vainqueur de Montreux-Rochers-de-Naye — en me dirigeant vers la ligne de départ tout en écoutant Nicola Spirig au micro de la speaker de la course. Un aspect génial de ce sport. Les amateurs et les pros se cotoient, ils prennent le même départ et figurent tous dans le même classement. C'est quand même cool! Ne passez pas ce sport en discipline olympique s'il-vous-plaît!

Le soleil est bien présent alors qu'on nous annonçait plutôt nuageux. Pas pour me déplaire, je suis ici surtout pour profiter des paysages et d'une belle sortie longue. Les cors des Alpes et les lanceurs de drapeaux suisses nous préparent au départ quand à 9h c'est le coup de feu. Démarrage tranquille dans la (jolie) ville d'Interlaken. On y fait une boucle de 5km à peu près pour ensuite sortir et prendre la direction de Lauterbrunnen. Le parcours est super roulant. Je dois me contenir pour ne pas accélérer, cette sortie n'est pas à mon programme pour me griller mais pour me préparer pour Lausanne. Donc molo et on profite. On se retrouve à l'ombre, à longer et enjamber plusieurs fois la Lütschine, puissant afluant de l'Aare qui par moments est recouvert d'un duvet de brume, mystique et rafraîchissant. Les traversées se font par de jolis ponts en bois au passage.

Marathon de la Jungfrau

Le départ dans une ambiance traditionnelle avec les cors des Alpes

Pour ne pas aller trop vite, ma tâche se trouve facilitée par quelques ennuis gastriques. Deux jours avant, je randonnais du côté des Dents du Midi et je pense que c'était une erreur de ne pas couvrir ma tête. J'ai probablement pris un coup de chaud et ce n'était pas le stress d'avant course si hier et ce matin avant de rejoindre la ligne, j'étais bien heureux de ne pas partager les toilettes de mon (adorable) B&B.

Marathon de la Jungfrau

Magnifiques cascades à Lauterbrunnen

Du coup mon ventre balonne. Douloureux par moments, ça ne m'empêche pas d'avoir de bonnes sensations avec mes jambes. Je reste à un tranquille 12km/h et sens que j'ai de la réserve lorsque je peux facilement passer les buttes sans me mettre à marcher. C'est roulant jusqu'à peu près le 25ème kilomètre. Avant d'y arriver, je suis conquis par Lauterbrunnen. Je pense ne jamais y avoir mis les pieds parce que je n'ai aucun souvenir de ces cascades majestueuses, de ces immenses façades qui entourent le village. On le traverse dans une ambience folle même si ce ne sera pas à la hauteur de Wengen. Toujours avant d'arriver au km 25, je fais mon 1er des 5 arrêts toilettes un peu après la mi-course. Et là, je comprends gentiment que ma course peut très bien ne pas se passer aussi facilement que prévu. Je reste presque 5 minutes, à me vider. En sortant, je remonte de quelques mètres le parcours pour retourner au ravito et prendre un peu à manger car j'ai dû perdre pas mal de choses dans cet épisode. Le parcours fait ensuite une boucle pour revenir sur les hauts de Lauterbrunnen, je sens bien que mes jambes peuvent aller vite, mais mes entrailles me remette parfois douleureusement à l'ordre. J'écoute mon corps, j'accélère un peu quand tout va bien et lève le pieds quand la douleur surgit. Au sortir de Lauterbrunnen, 2ème arrêt aux toilettes, je crois que je vais utiliser toutes les toilettes du parcours en fait.

Marathon de la Jungfrau

Les faces impressionnantes au sortir de Lauterbrunnen

Grosse grosse montée en lacets dans la forêt ensuite. Après mes pérégrinations aux toilettes, forcément je suis descendu dans le peloton et dans cette montée, je reprends plein de monde, c'est frustrant les jambes vont bien mais je dois m'arrêter pour soulager mon bide à chaque fois! Au sortir de la forêt on arrive sur Wengen, km 30, le public massé au bord de la route, j'ai le sourire à être comme ça encouragé. Je crois qu'on ne s'y habitue jamais, c'est grisant.

Au sortir de Wengen, il va maintenant nous falloir rejoindre la Kleine Scheidegg sans plus traverser aucun village. Pistes de ski, forêts, sentiers de montagnes et les voilà, ces belles montagnes! Vers le km 36 je bascule en mode rando mon bide me faisant maintenant trop mal dès que je veux me mettre à courir. Ce sera comme ça jusqu'à la prochaine station télésiège où je pourrai à nouveau profiter de toilettes. Passé ce point, ça grimpe à nouveau davantage et j'en profite pour grimper à un bon rythme. Plié en deux, les mains sur les genoux, ça me fait moins mal au ventre. La Mönch et la Jungfrau nous surveillent, toutes majestueuses alors qu'un nouveau groupe de cor des Alpes nous baigne dans une ambiance magique. Ca grimpe presque jusqu'au km 41, que l'on rejoint plus ou moins en file indienne avec au passage, la moraine de l'Eigergletscher sur laquelle un joueur de cornemuse nous encourage, quelle ambiance! Rapidement ensuite on amorçe la dernière descente sur la Kleine Scheidegg. Je lâche les chevaux et dépasse tout le monde qui me précède jusqu'à l'arrivée. Comme j'aime cette sensation de vitesse!

Marathon de la Jungfrau

L'Eiger dans les nuages, ce tracé n'en est pas moins magnifique

Un monde fou est présent dans la zone d'arrivée, l'Eiger est hélas dans les nuages mais on le voit bien par moments. La descente en train nous permettra de profiter de cet énorme bloc vertical si particulier. Outre les classiques T-Shirt, gourde et médaille, on reçoit un superbe cadeau finisher, une énorme plaque de chocolat Lindt! Fan, je reviendrais rien que pour ça.

Marathon de la Jungfrau

MIAM! Enorme plaque de choc comme cadeau finisher

Donc pour résumer, marathon vraiment roulant jusqu'au km 25 c'est de la route majoritairement. Le décors est impressionnant du début à la fin, l'ambiance est à la fête et aux traditions, la région est accueillant et offre de multiples possibilités. Par contre, si l'on veut une belle course de montagne, l'Ultraks de Zermatt est à mon avis encore plus belle. Si on peut courir un marathon on peut bien faire 4km de plus (bon il y a aussi un peu plus de dénivelé). Par contre c'est pas donné non plus, mais si l'occasion devait se présenter, il faut absolument foncer.


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<![CDATA[Pierra Menta Été]]>La légende dit que le géant Gargantua a expédié d'un coup de pied un bout du massif des Aravis qui est venu se planter en plein Beaufortain ouvrant ainsi la porte des Aravis. Ce bout de massif s'appelle la Pierra Menta, un joli éperon surplombant la vallée.

Depuis 30 ans,

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http://runboyrun.ch/pierra-menta-ete-2016/857ede10-4ff0-4487-aba3-c0ed97740f86Tue, 12 Jul 2016 11:10:36 GMT

La légende dit que le géant Gargantua a expédié d'un coup de pied un bout du massif des Aravis qui est venu se planter en plein Beaufortain ouvrant ainsi la porte des Aravis. Ce bout de massif s'appelle la Pierra Menta, un joli éperon surplombant la vallée.

Depuis 30 ans, les patrouilles de ski-alpinismes envahissent le village de Arêches pour l'édition hiver sur 4 jours, 2016 voit la deuxième édition de la version été. Une course trail par étape en patrouilles de 2.

70km, 7000D+, sur 3 jours. Programme intimidant et excitant!

Du bon dénivelé donc et ça n'a pas été facile de les manger. Surtout que ma coéquipière se tape une tendinite au genou. Au soir de la première étape, terminée avec un passage 15 minutes avant la barrière horaire, on imaginait devoir abandonner tellement elle galérait. C'était sans compter sur l'équipe de massage qui nous a permis de poursuivre tout le weekend cette superbe aventure, MERCI les masseurs, MERCI pour ton courage Jade!

Cette année, les parcours ont été partiellement modifiés pour faire face aux conditions exceptionnelles de neige. Le baudrier et les longes ne sont nécessaires que le deuxième jour, et vu mon vertige c'est pas plus mal de limiter un peu le challenge. Mais qu'est-ce que j'ai aimé ces passages, assurés sur les crêtes alors qu'une pluie fine nous rinçait le visage et qu'on était pressés par le chrono pour passer la barrière horaire au sommet! Mes jambes ont tremblé, mais à chaque passage délicat, des bénévoles étaient présents. Merci à l'organisation incroyable, c'est vraiment top. Juste après ce passage, on redescent des centaines de mètres sur les fesses, à toute vitesse dans la neige. On a repris du monde à dévaler les pentes, rigolant à gorges déployées. Je m'en rappellerai longtemps c'était vraiment incroyable.

Autre souvenir, le public à la Roche Parstire le 3ème jour. Pour y arriver, c'est un peu plus de 300 mètres de dénivelé qu'il faut enjamber sur à peine 1 kilomètre. Grosse pente où on s'aide des mains pour ceux qui n'ont pas de bâtons (j'aime pas les bâtons!). Et on entend le public en haut qui crie, les cloches raisonnent. Quand les premiers rayons de soleil nous atteignent et qu'on comprend qu'on y est, l'ambiance devient épique. C'est du single trail, tout le monde se suit et les encouragements fusent. Et à ce moment, on voit un très joli lac sur notre droite, et le vallon que nous avons arpenté sur notre gauche. Comment ne pas commencer la descente avec la banane?

Des paysages superbes, des tracés techniques et variés (des cours d'eau, de la boue, de la forêt, des pentes passant les 40%, des pâturages, des crêtes, de la neige, des pierriers, tout ce qu'il faut!), des bénévoles accueillants et attentifs, les ravitos toujours avec du fromage du coin, le logement top, la nourriture top, région incroyable, course incroyable! Il faut la faire!

On pourrait en dire beaucoup plus, mais je voulais faire court pour ce compte rendu. Peut-être que les photos apporteront la touche finale pour se convaincre que cette course vaut absolument le détour!

Pierra Menta Été

Une météo magnifique nous accompagne le 1er jour

Pierra Menta Été

Champêtre par moments

Pierra Menta Été

Le lendemain c'est un parterre de gentianes qui nous émerveillera

Pierra Menta Été

On passe toutes les barrières horaires avec succès malgré la tendinite de Jade

Pierra Menta Été

Le Mont-Blanc nous surveille

Pierra Menta Été

Mes jambes auront tremlé par moments

Pierra Menta Été

Après 300 mètres à 35-40%, que c'est bon ces encouragements, ce soleil!

Pierra Menta Été

Rayon de lumière bienvenu alors qu'on fait la queue pour passer la crête

Pierra Menta Été

Finishers!


Pour aller plus loin

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<![CDATA[Marathon de Stockholm]]>Si tu veux courir, cours 1 km, si tu veux changer ta vie, cours 1 marathon.
Emil Zatopek

Ma maman m'envoie cette citation le lundi après la course, probablement dans le but de me remonter le moral... Voilà en quelques mots pourquoi.


Cette année, mon rendez-vous avec les 42km de

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http://runboyrun.ch/marathon-de-stockholm-2016/3ac009c9-7a7d-451b-853b-712cfa4187b8Fri, 10 Jun 2016 16:49:54 GMTSi tu veux courir, cours 1 km, si tu veux changer ta vie, cours 1 marathon.
Emil Zatopek Marathon de Stockholm

Ma maman m'envoie cette citation le lundi après la course, probablement dans le but de me remonter le moral... Voilà en quelques mots pourquoi.


Cette année, mon rendez-vous avec les 42km de bitume se tient en terre nordique. Stockholm, 4 juin 2016 pour être précis. Après le joie de l'année dernière à Barcelone, je ne résiste pas à renouveler l'expérience. De quoi poursuivre l'aventure avec la même équipe et retenter une qualification pour Boston. Si mon temps l'année passée m'ouvrait la porte à une inscription pour Boston, au final j'ai pas été pris pour 57". Pour garantir un succès je sais qu'un temps sous les 3h ferait l'affaire et me suis fixé cet objectif. L'entraînement dans ce sens se passe bien. Même si les sorties longues des derniers weekend avant le jour J n'ont pas été fameuses, ma confiance peut se baser sur un bon 20km de Lausanne, un gros mois avant la course.

J'arrive en Suède le jeudi depuis Bruxelles, 2 jours avant le départ. Le soleil et une chaleur étouffante m'accueillent alors qu'une partie de l'Europe plie sous un déluge jamais vu depuis cent ans. Heureusement, les prévisions météos prévoient une baisse des températures pour retomber à 18° et même quelques nuages pour samedi. Rassurant.

Fatigué du voyage, je prends tout de même le temps de trotter sur une petite boucle de moins de 10km, histoire de reconnaître une bosse du parcours qui me préoccupe depuis l'inscription. Le pont Västerbron. Il faudra traverser à deux reprises ce pont qui propose un dénivelé régulier et exposé au vent. Finalement, plus de peur que de mal, ce sera sûrement pas une partie de plaisir principalement sur le deuxième tour, mais ça devrait aller.

Cette petite reconnaissance faite, maintenant il faut que le restant de l'équipe arrive pour que je ne reste pas obnubilé par la course. Ca fonctionne bien mais leur arrivée tardive rime avec petite nuit de sommeil. Pas trop grave, en Belgique, j'ai bien pris le temps de me reposer d'autant que la veille de course se passe plutôt idéalement. Nous parcourons la ville à vélo, profitons des terrasses et autre terrain de pétanque avant de nous diriger vers le stade olympique pour retirer nos dossards. Petite surprise, nous ne trouvons aucun gatosport sur les stands de la foire. En demandant à droite et à gauche, on dirait que personne ne voit de quoi on parle... Un gars à un stand de produits nutritifs nous conseille de prendre des barres protéinées pré-effort à côté d'un bol de oatmeal, des boissons énergétiques et tout ira bien. Ok, bon un peu surpris mais on va faire avec.

Jour J

Le lendemain, bien reposé, je me réveille du bon pied. Toutes les affaires préparées la veille, c'est moins stressant de démarrer la journée en ayant qu'à sauter dans la douche et prendre son petit déj. Moins stressant mais n'empêche que la pression vient quand même. On fait ça pour le plaisir et pourtant on se stresse, pas forcément compréhensible mais c'est une sensation que j'aime bien et qui fait partie de ces jours de course. Comme le départ est à midi, on profite de déjeuner et de nous rendre sur la ligne de départ tous ensemble. Il y a un petit air mais aucune trace de nuage. Si la température a bel et bien baissé ce n'est pas la situation la plus encourageante, au soleil on ressent clairement plus qu'un 18°. Mais bon, on met les pensées négatives de côté et go.

Le métro bondé de coureurs, on envahit la zone du stade une heure avant le départ. Les blocs de départ commencent à se remplir. Je me détends comme je peux, quelques étirements par-ci quelques rigolades par-là. Vingt minutes avant le départ, je rejoins mon bloc et commence à trottiner. Quelques sprints histoire de monter le cardio devraient me permettre de démarrer directement au bon rythme. 11h50, je remonte le bloc pour me rapprocher du pacer 3h. Va falloir attendre 10 minutes avant d'en découdre. Au soleil. Lorsque l'air s'estompe, je sens que la chaleur est bien présente...

Feu départ! Les meneurs d'allure 3h démarrent une vingtaine de secondes devant moi. Vu la densité du peloton, le démarrage se fait de manière un peu chaotique mais tout va bien, je prends rapidement mon rythme. Je le prends tellement qu'il faut attendre le septième kilomètre pour voir un lap en dessous de la vitesse moyenne visée (4'16"/km sur 3h). Pire, mon obsession à rattraper et rester avec les meneurs d'allure me fait courir les kilomètres 10, 11 et 12 sous les 4'/km. Après coup, facile de s'en vouloir mais je sais que l'excitation de la course et l'ambiance me font faire ce genre de bêtises. Habituellement, je calque ma course sur personne, je fais mon plan avant et m'y tiens au mieux. Là, passé 10km, je me suis dit oublie les temps de passage et colle-toi aux meneurs.

Le peloton reste dense pendant bien des kilomètres. Le public en masse rend le parcours incroyable. Au kilomètre 15, je vois pour la première fois mes amis au bord de la route, revitalisant à chaque fois c'est barge. Peu après, vers le kilomètre 19, on entre dans la partie unique de la deuxième boucle, la verdure de Stockholm. Un mélange de campagne et de parcs où malheureusement pas un pet d'air ne se fait ressentir. Dans mon idée, je m'étais dit que cette partie me permettrait de récupérer un peu vu qu'on serait à l'ombre des arbres. Même si c'est vrai qu'on pouvait bien souvent en profiter, c'est en ressortant de cette partie au kilomètre 28 que l'air des berges me permet de me rendre compte que je venais de traverser une étuve. Je revois mes amis quelques mètres plus loin, ils me diront plus tard que j'étais déjà bien marqué à ce moment-là.

Marathon de Stockholm

Au km 28, ça devient dur.

A peine plus loin, au kilomètre 30, je me mets à marcher. Mes jambes sont raides, plus d'énergie, j'arrive plus en avant. Passage aux toilettes et en sortant je tente directement de trottiner. Impossible de reprendre le rythme. Moralement c'est dur. Pourtant je ne me dis pas tout de suite que c'est foutu, je regarde ma montre et vois que j'ai pris un peu d'avance et donc me dis que marcher peut-être me permettra de mieux rebondir. J'ai toujours été un grand naïf. Ce n'est que vers le kilomètre 33 que je me dis que ça va pas le faire. Un peu avant le fameux pont, marchant à l'ombre, je me mets à crier ma rage. Les spectateurs tentent de m'encourager mais moi je switche, je passe en mode on-va-finir-cette-course-comme-on-peut. Plus loin, la montée menant au pont est le moment fort du parcours. Ambiance Tour de France, le public compacte portant pancartes et cloches scandent leurs encouragements. Au fil des mètres, les gens sont de plus en plus près de nous, on a l'impression d'arriver au sommet d'un col. C'est vraiment grisant. Un gars barraqué au milieu de la route encourage chaque coureur, je lui tope la main alors que je dois faire un peu peine à voir, mais je cours un peu là. Arrivé sur le pont, enfin de l'air, du vent même. Que ça fait du bien. Et surtout, des filles sont là pour nous asperger d'un liquide glaçant si besoin. Ni une ni deux, je me dirige vers elles et demande d'en mettre sur mes cuisses et mes mollets. COMME C'EST BON. Je ressentirai l'effet de ce truc pendant bien deux kilomètres. Ca suffit pas à me donner des ailes mais ça soulage un peu quand même.

La descente qui suit ne me permet même pas de courir pour de vrai. J'alterne marche et trotte. Pour que je marche en descente c'est vraiment que je n'ai plus grand chose dans le réservoir. Là on se dit, punaise j'ai envie d'être au bout et de prendre une bière. Mais on continue, on profite de chaque douche sur le parcours, on prend tout le liquide qu'on peut aux ravitos et on avance. C'est au 36 que j'arrive à hauteur de Anjer un espagnol. On s'est croisé plusieurs fois depuis le pont, j'essaie de me concentrer sur lui pour oublier un peu mes difficultés et lui lance un come on. Il lève le pouce et se met à trottiner, on avance maintenant les 2 et on fait un peu connaissance mais aussi bien lui que moi n'arrivons plus très bien à parler. Au ravito qui suit il me lache alors que moi je profite une fois de plus en marchant de boire de l'eau. Je ne m'asperge plus parce que maintenant j'ai limite froid à force de marcher je suis quasi tout sec maintenant et n'ai plus beaucoup d'énergie pour lutter contre le "froid".

Peu après ce ravito, je tente une énième relance et là je persiste. J'essaie de relancer encore un peu plus fort et sens que c'est de nouveau faisable. Le corps est une machine incroyable. J'en bave mais voilà que je suis capable à nouveau de courir! Evidemment pas à un rythme incroyable mais autour des 5'/km quand même, chose impossible il y a quelques minutes. C'est vraiment fascinant comme le corps peut retrouver des ressources. J'arrive de nouveau vers Anjer et l'encourage. Je lui dis de me suivre, il le fait un moment mais ne tient plus. Si je reste à ses côtés, j'ai trop peur de ne plus pouvoir relancer alors je continue. Je continue, je remercie les volontaires à chaque ravitos pour leur boulot, j'encourage chaque concurrent que je dépasse, je me focalise sur ce qui m'entoure et (re)prends plaisir à courir.

Voilà le stade en vue. Finir le marathon dans un stade est une première pour moi et je trouve ça génial. On commence par le contourner à l'extérieur et on y entre par un petit tunnel où une volontaire tope la main de chaque coureur en lançant ses encouragements. Je foule la piste d'athlé et à 150 mètres de l'arrivée je vois mes 2 amis dans les gradins au bord de la piste. Je vais prendre Denis dans mes bras, désolé d'avoir manqué mon objectif. Lui et Coco sentent bien ma déception et je repars vers la ligne, la gorge nouée. Je la passe en marchant finissant avec un temps de 3h23'30". Je reste juste après la ligne pour attendre Anjer. Deux trois minutes plus tard, le voilà et on se congratule et remercie mutuellement avant de se dire au revoir pour de bon.

Vidé, une volontaire souriante me passe la médaille autour du coup et là, l'émotion monte. Mes yeux sont inondés de larmes que je laisse couler sur mon visage. Jusqu'à la zone d'arrivée, j'arrive pas stopper de petits sanglots. Je n'essaie même pas d'ailleurs. Tout le monde a l'air heureux, tout le monde se félicite et moi je chiale, épuisé et déçu. Je voulais tellement réussir ce sub-3, je voulais tellement courir Boston que réaliser que c'est loupé me fait mal. Au fond je sais que ce n'est pas si important, je sais que j'aurai d'autres occasions. Mais n'empêche que je croyais être prêt.

Marathon de Stockholm

Dans la zone d'arrivée, les yeux embués, le corps usé.

Qu'est-ce qui a coincé? Question difficile comme toujours sur ce genre de long effort intense, mais j'ai quelques pistes. Déjà je suis parti sur un rythme trop élevé. Pas de beaucoup mais facilement une dizaine de secondes au cours des 15 premiers kilomètres. Je suis persuadé que ça m'a entamé, d'ailleurs à Barcelone où tout s'était bien mieux passé j'avais au contraire réalié un negative split. Le soleil ne m'a pas aidé non plus c'est certain. Mais ce n'est pas un élément que je peux contrôler donc pas de regret de ce côté-là. Il y a aussi la question du petit déj, est-ce que c'était suffisant ce qu'on a pris? Pour un habitué des gatosports, je n'avais pas l'expérience des barres qu'on a prises mais à l'avenir je pense que ce serait plus sage d'emporter nos portions avec nous.

On peut retourner le scénario dans tous les sens, le résultat sera le même. J'ai appris grâce à ce marathon, j'ai vu ce que ça fait de vraiment coincer au 30ème mur ou non je ne sais pas. J'ai ressenti de sacrées émotions, des émotions qu'on recherche en se lançant de ce genre d'aventures. Pleurer m'arrive tellement rarement que ça me surprend quand ça m'arrive et j'en ai ressenti un sacré soulagement. Heureusement qu'il y avait les amis ensuite pour ne pas trop penser à tout ça et déprimer. Maintenant, je commence déjà à me réjouir de la prochaine tentative! Mais pour le moment, on va passer aux trails de montage...

Infos et bons plans

  • Le site du marathon de Stockholm si l'expérience vous tente.
  • La ville vaut la peine d'être parcourue à vélo, passer d'île en île se fait facilement, les pistes cyclables sont toujours présentes.
  • Bien manger: le Kvarnen propose une fameuse entrée de harengs, le SOS.
  • Chiller pas loin de l'eau: le Boulebar, pastis et pistes de pétanque vous tendent les bras mais y casser la croûte fait aussi bien plaisir.
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<![CDATA[Challenge de l'Atlas, mon CR de l'UTAT]]>L'UTAT c'est la possibilité de découvrir le Haut Atlas en courant. 3 courses possibles: 105, 42 et 26km avec la super bonne idée de faire une multi-étapes 42+26: le challenge de l'Atlas. C'est l'option que j'ai choisie. En voici mon compte rendu.

L'aéroport de Marrakech m'accueille le 1er

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http://runboyrun.ch/utat-challenge-atlas-2015/c1378cd5-8ba5-4450-abbd-8da76bb4a33fMon, 02 Nov 2015 17:47:13 GMT

L'UTAT c'est la possibilité de découvrir le Haut Atlas en courant. 3 courses possibles: 105, 42 et 26km avec la super bonne idée de faire une multi-étapes 42+26: le challenge de l'Atlas. C'est l'option que j'ai choisie. En voici mon compte rendu.

L'aéroport de Marrakech m'accueille le 1er octobre au petit matin. 10h mais il fait déjà bon, quasi 20°. On est directement pris en charge pour rejoindre l'Atlas que l'on devine au loin. Des navettes nous prennent par groupes de 20. Oukaimeden, notre camp de base à 2600 mètres d'altitude, se profile après une heure de route à travers de belles montagnes rouges.

Challenge de l'Atlas, mon CR de l'UTAT

Notre camp de base pour les jours à venir.

Je prends mes quartiers dans la tente 15 et me dirige rapidement vers l'un des boui-boui pour assouvir ma faim. Une tajine, au soleil, en tshirt, face aux montages. Sourire.

L'organisation ne rigole pas avec le matériel requis sur la course. Pour récupérer mon dossard, je dois présenter mon sac de course et tout est vérifié. On me donne le dossard, le cahier de route et une bougie. Une bougie. Me voyant perplex, le gars m'explique que lorsqu'on utilise la couverture de survie, il va falloir utiliser cette bougie pour se garder au chaud. Laisse-moi rire, si j'allume ce truc sous une couverture de survie, je foutrai le feu à tous les coups! Bref.

Dossard récupéré, je profite du reste de la journée pour découvrir les alentours et me reposer. Je fais la connaissance de mon colloc de tente aussi; Markus de Bâle court le 105km. Petit gabarit, sec et costaud, il a couru le 101 de l'Eiger cette année. Il n'en est pas à sa première sortie sur ce genre de distance.

19h, l'organisation nous brief sur la course. L'air est clairement plus frais, on a sorti les doudounes.

Marathon de l'Atlas

Frontale en place, c'est à 6h du matin que le départ sonne. Julien Chorrier, Andy Symonds et autres stars pros du trail aux avants postes, on part tous ensembles sous un ciel étoilé. Le 105 et le 42km parcourent le même chemin sur les 15 premiers kilomètres. Ces premiers kilomètres se parcourent sur une large piste. Aucune difficulté. On commence par très gentiment monter jusqu'au Tirsafene et ses 3066 mètres accompagné de la lumière du jour qui doucement se lève. Le peloton s'est étiré et je me retrouve seul lorsque je rejoints la crête, le ciel violacé me permet de découvrir les montagnes qui m'entourent et d'apercevoir la plaine.

Cri de joie.

Avant d'initier la première descente, c'est le premier point de contrôle. Petites congratulations matinales, une ou deux gorgées d'eau de mon camelback et c'est parti pour la descente, toujours sur cette large piste. Aucune difficulté, ça endort ces lacets. Je m'arrête à plusieurs reprises pour admirer, prendre une ou deux photos. Un ou deux athlètes descendent derrière moi au loin. Je maintiens l'écart facilement jusqu'à arriver au premier village. Première petite chutte alors que je guette les balises marquant notre chemin. Rien de bien méchant, le gravier m'a brûlé un peu la peau mais on oublie vite. Je galère juste pour rester sur le bon chemin à travers ce village. Je m'en sors mais rapidement je me retrouve dans un champ, plus de balise et un concurrent vomit sa colère à gorge déployée (il me fait presque rire à s'énerver comme ça). Retour sur nos pas pour retrouver 200 mètres plus tôt nos chères balises mais il s'avère que je ne suis en fait déjà plus sur le tracé du 42km. Je ne le sais pas encore, mais je suis en train de "perdre" mon temps sur les mauvais sentiers. Un coureur du 105 me confirmera plus tard mon appréhension. Je me suis gouré, je dois rebrousser chemin. A ce moment-là je suis énervé, je cours fort, frustré parce que sur le début du parcours je me sentais super bien. Je ne fais pas ce genre de course pour un classement particulier ou même un temps précis tellement j'ai de la peine à évaluer ce dont je suis capable dès qu'il faut mettre en équation dénivelé, distance, altitude, pourcentage de pente, etc. Mais quand même! Bref. Je retourne vers le village, croise plusieurs coureurs du 105 et d'autres du 42 et challenge me rejoignent. On est un bon groupe à s'être trompé en fait. J'apprendrai plus tard, qu'au moins 2 concurrents ne s'en sont pas rendu compte et ont fini par abandonner. L'organisation avait prévu de positionner quelqu'un au point de séparation entre 105 et 42 mais voilà, cette personne n'était pas là. Et les balises étaient vraiment discrètes. Chaque parcours avait sa couleur: rouge pour le 105, bleu pour le 42 et rose pour le 26 le lendemain. Comme au départ on était 105 et 42 ensembles, on suivait tous les marques rouges mais une fois la séparation passée, il aurait été utile de marquer d'une croix bleue (couleur du 42) les premières balises du 105! Plus d'un en aurait été reconnaissant. D'autant plus qu'à certains endroits c'est exactement ce qui a été fait, les mauvais chemins étaient balisés d'une croix de couleur. Bref on oublie, je me console en me disant que j'aurais pu voir un peu plus du pays. Je cours à peu parès 4km de plus dans cette histoire.

Later, we hear a rumour that one of the boys in the village thought it would be a laugh to hide the marking stones and then direct runners the wrong way. Unsubstantiated, but it goes round camp like wildfire.

http://www.alicemorrison.co.uk/a-day-in-the-life-of-an-ultra-journalist/

Frustré. De retour au village, j'ôte ma petite veste, le soleil inonde maintenant la vallée et on est plus bas. Je suis bien chaud et on va continuer de descendre dans la vallée d'Ourika à travers villages, forêts, cours d'eau. Le terrain est plus technique, ça me plaît. Ma frustration passe et je retrouve le sourire quand j'entends des rires alors que je dévale la pente sous les précipitations de noix que récoltent des villageois. Ils le font à la manière de la récolte d'olives et toute la famille y participe c'est sympa à voir.

Au kilomètre 19 (23 pour moi), premier ravitaillement. Je rejoints la cour ombragée d'une petite bâtisse. Une volontaire me verse un verre de coca pendant que je lui raconte mes péripéties. Elle réplique toute souriante que je ne suis pas le seul et que ça fait partie aussi du trail. Je ne me décontenance pas et lui réponds que oui, ça peut en faire partie, mais on peut aussi améliorer les choses et là il y a une bonne marge. Sur ces bonnes paroles et le plein de fuel, je quitte cette halte pour m'attaquer à l'ascension de 1200 mètres du jour.

La pente est plutôt régulière. On croise ceux du 105km qui descendent sur ce pan. Petit salut à Markus au passage, il est encore tout frais c'est bon pour lui. Rejoint le hameau de Iabassene, le soleil tape dans le dos. Le début de l'ascension s'est faite à l'ombre d'arbres maintenant c'est fini, plus d'arbre. Plus on monte, plus c'est compliqué de garder un rythme. Je subis l'altitude. Nicolas, un toulousain m'accompagne une bonne partie de cette montée. On papote. Toujours à l'affût des balises (il s'est aussi trompé de chemin à la bifurcation du 42km), on grimpe mais il fini par me lâcher. Pendant la montée, je passe Adi avec qui j'ai causé sur la ligne de départ. Marocain de Casa, c'est sa première course. Il est en training coton, chaussures de course citadines, sac à dos d'école, il est dans le dur mais reste souriant. Je lui souhaite bon courage pour la suite en le dépassant alors qu'il me souffle qu'il ne pensait pas que ce serait aussi dur. C'est vrai que cette montée est mortelle... Au sommet, des chèvres savourent le soleil et le patûrage. On est à 3200 mètres. Je m'arrête quelques instants au point de sécurité et échange quelques mots avec la fille en poste. Elle me propose de me reposer sur l'un des matelas posés au soleil. Tentant mais je décline l'offre. Trop peur de ne pas me relever. D'autant plus que je me connais, la descente va me requinquer c'est sûr.

Je finis ma barre protéinée, avale quelques rasades et c'est parti! Un petit vent me pousse à dévaler cette pente. Je mange les lacets, saute les cailloux et reprend rapidement Nicolas. On se reverra à l'arrivée. La descente me fait du bien. Elle me redonne le sourire quand entre 2 virages, je passe devant un berbère qui s'est posé là avec une mule et quelques bouteilles de coca et de sinalco dans un panier. Il se serait posé dans la montée quelques kilomètres plus tôt que je lui en prenais, là je fonce. A peine dépassé, c'est un groupe de randonneurs que je rejoins et lorsque le dernier de la file commence à m'entendre débouler, il se retourne et amorce une salve d'applaudissements. Avec ses amis, ils se déportent à côté du chemin, crient et m'encouragent. Trop cool. Passé une petite butte, c'est un gazon vert digne d'un green de golf qui déroule sous mes yeux. Poser les pieds là-dessus fait trop du bien.

Challenge de l'Atlas, mon CR de l'UTAT

Mmmmm, un bon petit tapis de gazon rembouré

Avant de rejoindre le deuxième point de ravitaillement, je me retrouve sur une piste, la descente est finie. Pas sûr de mon chemin je vois 3 enfants plus loin qui me font signe, je cours vers eux quand je comprends qu'ils me disent que le parcours va dans leur direction. Quand je les ai rejoints, les 3 se mettent à mon niveau et courent. Le plus petit qui n'a pas plus de 6 ans rigole et accélère un peu. Je joue le jeu en tenant le rythme, les 2 plus grands accélèrent à leur tour. On rigolent tous les 4 alors qu'on continue d'accélérer jusqu'à sprinter. Je comprends alors que je dois sortir de la piste pour faire la dernière descente avant le village. Je tope dans leurs mains, leur donne une barre de céréales et les quitte un grand sourire aux lèvres.

Le deuxième point de ravito est à Tachedirt, un petit village au pied de la dernière ascension. Accueilli avec du fromage, jambon, chips et autres boissons fraîches, ça fait trop plaisir d'être là. On me remplit gentiment mon Camelback et me souffle que d'ici 2h je serai à l'arrivée. Je me pose sur un banc et papotte pendant quelques minutes. Même si je ne vois pas toute la montée, je sais que j'en aurai pour un moment et il fait plus chaud maintenant. Pas super pressé de repartir surtout qu'ils sont vraiment sympas ici.

Finalement, poussé par leurs encouragements, je décolle. Le terrain est plus pierreux ici, la montée se passe bien. La pause m'a donné du peps et je monte sur un bon rythme, je me dis rapidement que Nicolas ne devrait sûrement pas me reprendre. Surtout que maintenant, au loin j'ai un lièvre! T-Shirt vert fluo, cet appât me motive durant toute la montée. Je me rapproche petit à petit mais ne recolle pas. Au col, point de contrôle, je prends quelques gorgées en échangeant quelques mots avec les 3 personnes de l'organisation qui sont là. Ils m'expliquent que demain je repasserai par ici pour la Virée d'Ikkis. On va déjà finir cette journée. Penser à demain c'est pas la meilleur idée, il me reste 5km de descente à peu près.

Descente facile, je vois toujours le t-shirt vert à bonne distance. J'appuie un peu et finis par le rejoindre. Sur ces talons, je sens que lui baisse de rythme. "On termine ensemble?" que je lui lance. "OK. Mais je vais pas vite." Pas grave, fatigués, on ira plus vite ensembles à se tirer l'un l'autre que si on fait foullées à part. T-Shirt vert vient de Zürich et c'est sa première course du genre. On poursuit comme ça à faire un peu connaissance en traversant quelques fois, un cours d'eau, on foule maintenant un large valon qui nous mènent d'un faux-plat descendant vers notre point de départ. Ou d'arrivée en l'occurence. On retrouve le bitume pour quelques centaines de mètres avant de visualiser notre camp et la banderole d'arrivée. Il fait beau, chaud, les membres sont tendus et fatigués mais on y est. Je termine en 8h et des poussières, bras dessus bras dessous avec T-Shirt vert. Que j'aime ce déluge d'émotions à l'arrivée de longue course. Sentiment d'accomplissement, sérénité, étonnement, soulagement, grosse fatigue, je ne sais pas vraiment ce qui me botte le plus mais j'adore, c'est assez bouleversant.

T-Shirt vert et moi dégustons le pique-nique distribué aux finishers, affalés contre la banderole d'arrivée. Crevés mais heureux.

Virée d'Ikkis, 26km

Au soir du marathon, la fatigue me remet en question. Serai-je capable demain de courir 26km? Je me le demande sincèrement mais me repose sans trop m'inquiéter, les magnifiques paysages et rencontres du jour défilent dans ma tête.

Je peine pas du tout à trouver le sommeil par contre le mal de tête a fait son retour au soir. Un bon dodo et tout ça n'est que mauvais souvenir.

Ankylosé mais le corps reposé, je comprends aux premières intonnations de mon réveil que je vais pouvoir courir aujourd'hui. Je reste dans mon training et ma doudoune pour rejoindre la tente et le p'tit déj, j'émerge doucement mais me sens tellement bien. Très peu de monde pour déjeuner, je m'attable avec un coureur qui en a terminé avec le 105. Il vient d'arriver qu'il me dit. Il a pas l'air trop éprouvé, ça m'épate. Perso pas du matin et lui sans doute fatigué de son périple, on n'est pas très loquace.

Bien que confiant que je finirai ma course, je sens que ça ne va pas se faire tout seul. Dans la zone de départ, je me positionne tout en queue de peloton.

Départ sur les coups de 9h si je me souviens bien et donc on reprend le chemin qui avait été le finish du 42. Sachant ce qui se profile, je remonte petit à petit quelques coureurs. Ce faux-plat permet de reprendre gentiment mon rythme. C'est parfait.

Challenge de l'Atlas, mon CR de l'UTAT

Faux-plat récupérateur pour se mettre dans le rythme

Au col, j'enlève ma veste. Je suis bien chaud maintenant et la descente sera assez longue, j'ai envie de me sentir libre tout de suite. Bien chaud mais moins alerte que d'habitude, la fatigue tout simplement. Je croque une barre, avale 2 gorgées et c'est parti pour la descente qui part en lacets bien serrés. On nous a averti, ne pas suivre les marocains sur cette partie qui seront meilleurs de toute façon. Les marocains sont déjà loin à l'heure qu'il est mais c'est pour dire qu'il ne faudrait pas prendre cette descente de haut. Mes jambes déroulent bien, je prends facilement de la vitesse. Quelques glissades par-ci par-là mais sur ce terrain fait de terre sablonneuse et très peu de rochers je me dis que c'est normal. Je maîtrise.

Jusqu'au moment où je ne maîtrise plus.

Je butte sur un rocher et passe en avant. Impossible de redresser je bascule alors sur le côté et frappe le sol prenant un rocher de flanc. Relevé illico, je constage les dégâts. Le genou saigne, je tremble suite au choc mais ça va aller. Ce qui n'est pas contaté par contre c'est que dans la chute j'ai perdu une gourde. Affaire à suivre... La trousse de secours à la rescousse je désinfecte et respire profondément pour calmer les tremblements. 2 nanas me passent, l'une sans me dire M et l'autre me lançant un "aller courage". Sur le moment j'aurais apprécié un peu plus de préoccupation mais ça passe de suite quand un british dévale et me crie "how are you, do you need help?". Je réplique "That's fine" en souriant, content que quelqu'un fasse attention à moi.

C'est reparti. Les premiers pas sont clairement hésitants, je dois me rassurer et ça prend quelques centaines de mètres. Mon genou pique et peine à fléchir mais la foulée prend petit à petit de l'assurance. Je repasse le british et ai en ligne de mire "aller courage". La descente est bien souvent sur des pans en dévers et je dois dire que ça met à mal mon genou.

La confiance retrouvée, je débarque au deuxième point de contrôle (à Tachedirt, dernier ravito du marathon). Une fille de l'organisation est surprise de voir des coureurs aussi vite. Bon je dois pas être trop mal alors, c'est cool. Passé ce point, le parcours devient plus roulant, techniquement plus facile. Je reprends "Aller courage!" mais n'arrive pas la lâcher complètement. On perd du temps avec elle et un marocain à Ikkiss. On a perdu les balises. Fatigué avec ces histoires, je mange un peu, regardant derrière nous profitant d'un surplomb pour apercevoir un coureur. J'en vois un qui entre dans le village et qui reste en bas. Au même moment, les autres me font signe qu'il faut bien redescendre. Je les rejoins et finalement on retrouve un petit groupe de portugais. C'est reparti pour un long et éprouvant faux-plat jusqu'au seul ravitaillement du jour.

C'est une dizaine d'enfants qui nous accueillent à Amskere. Ils jouent, acclament, crient tout sourire. Je rigole en topant leurs main et me rue pour remplir ma poche d'eau, ingurgiter coca, chips et abricots secs. Je retourne alors vers les gosses pour leur dire bonjour, je leur demande si ils veulent bien que je les prenne en photo. Tout fiers, ils me disent que oui. Un des gars du ravito me propose alors de me prendre avec eux. C'est avec plaisir mais que c'est pas simple de fléchir mes guiboles!

Aller encore un verre de coca. Je me décide à repartir quand Markus m'appelle dans mon dos. Whaou, il n'est toujours pas arrivé le pauvre. Il sort de la tente, et me dit que la nuit a été très dure. Je l'aide à remettre sa poche d'eau dans son sac et l'encourage. Il y est presque, plus que la dernière ascension!

Je repars, cette fois-ci "Aller courage" m'a bel et bien largué. Elle est repartie illico après avoir bu au ravito et prendra la 2ème place du classement final femme de la virée d'Ikkiss. La montée est faite de caillasse jusqu'au point de contrôle suivant. Je m'y arrête 2 minutes pour papoter un peu. Les médecins me demandent comment va ma jambe et me laisse repartir sans appréhension. Je n'ai pas fait remplir ma poche d'eau pensant qu'elle devait être encore passablement remplie mais ça fait déjà un bon petit moment que j'ai perdu ma gourde du coup le niveau d'eau du sac baisse vachement plus vite! Je m'en rends compte plus tard, alors que le soleil tape fort, que j'avance mes mains poussant sur les genoux. Plus d'eau! Pas trop grave je me dis, le sommet n'est plus qu'à 2 kilomètres à peu près. Ce côté de la montagne est orné de genévriers, d'aspect vieillis et tordus. Leur ombre au moins m'aide à ne pas trop paniquer de mon manque d'eau.

Challenge de l'Atlas, mon CR de l'UTAT

Le rouge des montagnes et ces arbres rabougris me font plaisir à voir!

Tranquillement je monte quand je vois tout à coup un marocain affalé sur une pierre. Les yeux fermés, la bouche à moitié ouverte, j'ai de la peine à comprendre comment les gars qui me précèdent ont pu passer sans s'arrêter. Je l'interpelle et lui demande comment il se sent. "Oui". Si il a mal. "Oui". Où ça. "Oui". Il répond "oui" à toutes mes questions. Ca mène à rien mais je me vois mal le laisser là en plan. Je lui dis de rejoindre l'ombre avec moi. On s'asseoit un peu plus haut sous un arbre et je lui demande son nom, je regarde son dossard et tente d'appeler l'organisation. Il proteste mais je l'ignore. Pas de réception. Une coureuse passe, je lui demande si elle a un téléphone. Pas de réception qu'elle me retourne sans même jeter un oeil à son portable. Ok. La voyant poursuivre son chemin sans même baisser de rythme je lui dis d'avertir l'organisation au sommet et de faire venir de l'eau. Je dis à Yussef qu'on va y aller ensemble petit bout par petit bout. "Merci mon ami" qu'il me retourne. On est très vite "l'ami" des marocains. Je finis par atteindre le numéro de l'organisation et tombe sur le répondeur. Je leur explique la situation et on poursuit notre parcours.

On se pose à un moment les deux et face à nous, des centaines de mètres plus bas, c'est le désert qui s'étend à perte de vue. A l'ombre, il ne nous manque que de l'eau pour apprécier la situation en toute décontraction.

On rejoint finalement le sommet, il n'y a plus de genévriers ici mais une bouteille d'eau gît esseulée sur le chemin. Personne de l'organisation n'est présent. On se désaltère donc à grandes gorgées Yussef et moi en profitant de la brise rafraîchissante. On voit l'arrivée depuis ici, c'est peut-être ce qui revigore Yussef. Je pencherai plutôt pour l'eau. Il me dit d'y aller.

Je le suis et il prend de suite un bien joli rythme. En effet, l'eau a dû faire du bien. On amorce la descente et il se retourne en me tendant un mentos, "tiens mon ami". J'accepte en le remerciant. Avec ses chaussures pas du tout adaptées, son sac d'école décathlon et ses jambes toutes fines, je suis touché par sa générosité. Ca me fait plaisir de me dire que, comme hier, je vais terminer la course aux côtés d'un coureur avec qui j'aurai partagé un bout de chemin.

On rejoint la route, la traversée d'Oukaimeden se fait sous les encouragements épars petit à petit plus étoffés à mesure que l'arrivée se rapproche. Tiré par Yussef, on retrouve quasi les 12km/h au plat, les jambes tirent bien.

Le derner virage avant la banderole, mon pied vrille sur le gravier et je m'étale de tout mon long. Souffle coupé, sur le dos, j'ai mal et j'en ai marre! Un marocain du public vient de suite m'aider à me relever et je le remercie tout étonné de constater que Yussef a continué son chemin sans même m'attendre ou m'aider. Merci. C'est cool. Enervé, endolori, je rejoins l'arrivée sur les nerfs après plus de 4h d'effort. J'envoie balader le volontaire qui veut me donner mon picnic de finishers. Mes mains pissent le sang, je tremble de nouveau et Yussef s'est évaporé.

Voyant 2 personnes endosser un gros sac à dos, des radios aux mains je leur demande si par hasard ils partent pour s'occuper de Yussef, ils me disent que oui. Il est là, à quelque part je leur explique. Je ne le reverrai pas mais on me racontera plus tard, qu'il a été retrouvé atablé mangeant tranquillement dans la tente de l'organisation. Vraiment pas cool de terminer comme ça, mais le soleil, les massages et le couscous me redonneront bien vite le sourire.

Ce challenge de l'Utat aura vraiment été ça pour moi. Un challenge. Je finis ces 2 jours explosé. L'altitude je crois a été la variable la plus terrible parce que je pense qu'une telle distance me poserait moins de difficulté chez nous en Europe. On n'a pas de course se déroulant d'un bout à l'autre à de telles altitudes. Difficile d'avoir des repères avant de venir ici.

Lorsque je retrouve Markus dans notre tente, il me confirme que pour lui ça a été une course terriblement difficile. Du jamais vu. Les paysages aussi étaient du jamais vu pour moi. C'est pas chez nous qu'on passe des montagnes rouges, noires, même violettes par endroits. Des forêts, des cours d'eau, le désert à l'horizon, non je crois que je ne reverrai pas de si tôt un tel mélange. L'Utat est un excellent moyen de découvrir le Haut Atlas et je ne pourrai que le recommander à qui veut expérimenter les grands espaces, du trail à l'état pur (presque de la course d'orientation ;) le tout dans une ambiance conviviale sans un peloton immense comme parfois en Europe. Par contre, une acclimatation sur place de quelques jours aidera certainement beaucoup. Andy Symonds était par exemple sur place durant la semaine précédente à trekker en famille. Certainement une très bonne option pour optimiser son expérience.

Bref. Encore un superbe moment trail, je me réjouis d'expérimenter la suite!


Pour aller plus loin

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<![CDATA[Collontrek 2015 avortée]]>Dans le courant de l'été, je reçois un message de Jade me demandant si je suis dispo pour remplacer son coéquipier à la Collontrek. Le crénau est libre alors je me plonge dans le descriptif de la course et me réjouis vite à l'idée de courir sur glacier. Tout enthousiaste,

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http://runboyrun.ch/collontrek-2015-avortee/adc13c63-0633-44da-8232-218c34987e14Tue, 22 Sep 2015 11:27:05 GMTDans le courant de l'été, je reçois un message de Jade me demandant si je suis dispo pour remplacer son coéquipier à la Collontrek. Le crénau est libre alors je me plonge dans le descriptif de la course et me réjouis vite à l'idée de courir sur glacier. Tout enthousiaste, je lui réponds tout de go par un OK.

On se retrouve à Martigny pour faire le reste du trajet en voiture jusqu'à Valpelline. Joli voyage par le col du Grand Saint-Bernard. Arrivés dans l'après-midi, on profite alors du soleil en dégustant des produits locaux (MIAM) avant une bonne petite sieste... On est arrivé un peu tôt au village de course. Le temps se fait long jusqu'à ce qu'on puisse (enfin) rejoindre notre charmant petit B&B. Le briefing et la pasta party sont prévus pour 18h et ce n'est qu'à 20h30 que les navettes nous emmènent à nos logements. On est alors accueillis par une gentille petite Mama italienne qui nous réparpille (on est 3 équipes à loger ici) dans les 3 chambres.

La nuit est excellente, le réveil à 5h45 facile, le ciel dégagé, on se dirige avec optimisme vers le petit déjeuner où la Mamma prend soin de nous à coup de marmelades maison, tarte et tout ce qu'il faut pour un bon réveil. On est attablé avec les 2 autres équipes. Un couple fera la course en mixte comme nous mais ils prennent le départ sur la touriste à 8h30. L'autre équipe, des fribourgeois seront sur le même départ que nous mais en équipe hommes. On échange un peu, mais léger, moi au réveil je suis pas des plus causeur.

Le bus est attendu pour 6h30. En short avec un petit collant sur les cuisses je fais intrus entouré de collants longs mais je déteste porter ces longs collants pour courir. Je l'évite autant que possible. Là il fait frais mais ce n'est pas insupportable. Une fois arrivé dans la zone de départ, quelques centaines de mètres plus haut (1600m), ça pique un peu plus mais ça reste faisable... On verra une fois au col ce que ça donne! J'ai de toute manière mon collant long dans le sac.

Avant de nous dégourdir les jambes, on se ravitaille avec un bon thé chaud à la buvette toute proche du départ. L'organisation nous averti que les 2 départs vont être retardés à cause des conditions météo au col qui ne sont pas aussi bonnes qu'ici. On prend notre mal en patience en sirotant notre thé, le soleil pointe gentiment le bout de son nez. Certains versants sont illuminés mais nous pas encore. On va trottiner au bord du très joli lac bleu turquoise. Plusieurs chutes d'eau parsèment les abords, c'est une mise en jambes plutôt sympa.

La catégorie randonneurs démarre les festivités à 9h au lieu de 8h30 et l'organisation répète qu'au col les conditions sont pas terribles, il y a des chance que l'on ne puisse pas passer. On reste positif.

Une demie heure plus tard c'est notre tour, on se positionne vers l'avant du peloton et c'est le départ! C'est ma première patrouille et je n'ai jamais couru avec Jade donc c'est la pleine découverte. Le début est plat sur presque 5km, au bord du lac. Le foehn nous permet de courir dans de bonnes conditions, il fait bon, le ciel est clair c'est génial. Arrivé au bout du lac, la montée débute, je reste devant Jade, tout va bien pour moi mais elle me dit que pour elle c'est pas génial. Le café italien ne passe pas très bien.

La montée commence en forêt et on rejoint rapidement un terrain plus alpin, entourés de glaciers plus haut, de rochers à notre niveau. On voit bien que notre course se dirige vers les nuages mais je garde espoir. Peut-être que leur annonce du départ peut évoluer selon la situation météo, on sait jamais.

Passé un bout plat, on arrive gentiment au 1er ravito. Je suis quelques pas devant Jade et profite de me prendre une banane et de demander à un membre de l'organisation si la situation a évolué. "On pourra passer le col finalement?" - "Aha non, les 1ers sont déjà arrivés à l'heure qu'il est!". Il me dit ça en rigolant mais moi, ça me fait pas rire du tout. J'espérais encore que ça change moi, surtout que côté italien il faisait si beau que j'avais de la peine à croire que ça ne s'améliore pas là-haut... On continue donc, mais un poil plus résigné. Jade, elle, reprend du poil de la bête et me lance qu'il nous faut absolument "passer cette cruche avec le top rose". Qu'on se le dise, les conditions de course peuvent vous changer un homme, ou une femme en l'occurence.

Donc là, je découvre que Jade en forme, c'est autre chose. Sur la montée qui suit le plat après le 1er ravito elle me montre qu'elle a des jambes. C'est vraiment cool. Cette montée raide, avec des câbles par moment, nous permet de reprendre pas mal de places et de recoller "la cruche".

Plus tard, Jade se reprendra un coup de mou. Je prends l'initiative de la pousser dans les montées (j'aurais adoré tester l'élastique dont elle m'a parlé avant la course, mais elle ne l'a finalement pas pris). Ca aide plutôt bien mais c'est pas toujours facile, moi je ne vois rien du parcours. Il faudrait s'entraîner.

On passe le deuxième ravito au refuge nacamuli. Jade veut que ça avance (le top rose est derrière mais ça chauffe) alors pas de pause, je prends une rasade de mon camelback et go. Jade passe devant, elle reprend vigueur dans la descente qui suit. On passe du monde à nouveau mais une sacrée montée nous fait alors face. Et là ça devient compliqué de la pousser. Le terrain est glissant, le chemin étroit ou technique par moment. Il aurait fallu mieux se connaître pour faire ce bout en se poussant. Dommage. En plus, le top rose et sa maman sont maintenant à nos côtés! J'ose pas regarder Jade qui doit bouilloner.

La météo devient de plus en plus difficile, on ne voit plus le soleil, le jour devient blanc petit à petit. Une fois en haut de cette montée, il fait quand même frais, le vent s'est levé et une bruime nous accompagne maintenant.

Une fois en haut, je pousse un peu sur mes jambes, je sais qu'on n'est plus très loin du Col et vu le terrain je ne peux plus pousser Jade. L'arrivée au Col se confirme, je passe le tapis finish et donne ma puce. Je retourne alors sur mes pas pour accompagner Jade sur ses derniers mètres. On termine officiellement 8ème équipe mixte en 2:12.25. Génial pour une première patrouille!

On ne traine alors pas trop là-haut parce que les conditions sont vraiment pas très sympa, il neige, il fait genre -5° et on voit rien du tout, jour blanc. Je suis tout triste de pas pouvoir continuer mais on comprend forcément la décision de l'organisation. Courir sur glacier ce sera pas pour cette fois. Il faudra qu'on revienne dans 2 ans!

S'ensuit la longue descente sur nos pas. Pas facile, on est un peu dépité, triste et ça fatigue ce genre d'émotions... Mais l'endroit est superbe et la météo reste super agréable côté italien. On arrive garder du plaisir.

Je me réjouis de pouvoir terminer cette course, je l'espère en 2017 avec la même coéquipière! L'organisation est très bonne, le logement super, la nourriture avant/après course très correcte. Franchement une course à faire!

Conditions trop dangereuses

Une fine pellicule de givre avait transformé les rochers en véritable patinoire et la visibilité sur le glacier que les participants doivent traverser en crampons était quasi nulle. Il n'était pas possible de voir d'une balise à l'autre et, en cas d'accident, aucun transport héliporté n'était possible, indiquent les responsables de la sécurité sur le parcours. Tous les participants ont dû rejoindre Bionnaz en sens inverse et sont rapatriés à Sion (VS) par bus

Le Nouvelliste du 05.09.2015
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<![CDATA[Mon premier Ultra, CR Ultraks 2015]]>Il y a 3 ans, je courais la dernière édition de la Matterhornlauf. Je reviens cette année dans ce coin de paradis pour cette course qui s'est depuis transformée en Matterhorn Ultraks. En voici mon compte rendu...

Le réveil sonne les réjouissances à 4h45. Ma nuit a été agitée, j'ai

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http://runboyrun.ch/mon-premier-ultra/d86dc4e3-2c51-46f2-8209-7506b623d2cfFri, 28 Aug 2015 10:27:07 GMTIl y a 3 ans, je courais la dernière édition de la Matterhornlauf. Je reviens cette année dans ce coin de paradis pour cette course qui s'est depuis transformée en Matterhorn Ultraks. En voici mon compte rendu...

Le réveil sonne les réjouissances à 4h45. Ma nuit a été agitée, j'ai vérifié au moins 5 fois que j'avais pas loupé l'heure du réveil... C'est que depuis Embd où on loge, je n'ai pas le droit à l'erreur, je prends mon train pour rejoindre Zermatt ou alors je loupe le départ. Mais il faut le dire, une nuit d'avant course n'est jamais sans nervosité, je ne dors jamais très bien avant le jour J. Sans transition c'est parti pour le petit déj: tartines au miel, jus de fruit et thé noir comme d'habitude à mon menu pré-course. J'embarque mon gatosport dans un "tup tup", trop tôt pour le prendre maintenant. Tout a bien été préparé la veille, je n'ai qu'à enfiler mon équipement et endosser mon sac avec mes affaires de rechange. 5h20, je quitte le chalet sous un ciel étoilé comme on ne peut pas en voir à Nyon. Ca me fait sourire tellement c'est beau. Le croissant de lune démarque le contour des montagnes, l'air est frais, je profite de ce contexte apaisant sur les 10 minutes qu'il me faut pour rejoindre le télécabine par un chemin de randonnée pédestre. La descente vers Kalpetran dans une cabine 4 places en pleine nuit valait aussi le détour. Avec un début de journée pareil, je me dis que je vais me gaver de plaisir aujourd'hui!

A Zermatt vers les 6h30, il fait assez froid, je n'ai qu'une petite veste de survêtement et me dépêche de rejoindre la zone des coureurs toute proche de la ligne de départ. Il est tôt mais il y a déjà bien du monde. La majorité est déjà prête à partir. Je me pose à une table et termine mon gatosport, bois quelques rasades d'eau, et vérifie une dernière fois mon sac de course. J'hésite à en enlever mon coupe-vent et mes petits gants mais finalement je les garde. Je n'ai jamais couru aussi haut, je me dis que j'aurai peut-être froid à 3100m (laisse-moi rire!).

Je rejoins la ligne de départ 10 minutes avant le coup de feu et me retrouve dans le ventre mou du peloton. 469 hommes et 95 femmes sont prêts à suer pour quelques heures. Les cors des Alpes bercent notre départ, donné à 7h30 pile poil. Ca démarre lentement. Trop lentement à mon goût. Je dépasse du monde avant qu'on se retrouve en forêt mais c'est pas toujours facile, avec leurs bâtons certains sont parfois des dangers sur pattes. On quitte rapidement le bitume pour nous retrouver dans la forêt et la montée pour Sunnegga. On en a pour 6km de montée. Caché derrière notre ascension, le soleil éclaire d'une lumière toute douce le Cervin et le versant opposé de la vallée qu'il faudra rejoindre d'ici une trentaine de kilomètres. La montée se passe bien, je passe quelques coureurs mais prends garde à ne pas m'enflammer en restant dans ma zone de confort.

Au sortir de la forêt, voilà mon premier moment de bonheur. Il est 8h15, on rejoint un terrain plus clairesemé. Quelques arbres par-ci par-là, de l'herbe plus haute et les premiers plus gros cailloux nous accueillent. La dorure du parterre quasi automnale est amplifiée par une lumière magnifique, le soleil nous souhaite une belle journée...

Le Cervin depuis Sunnegga

Une lumière splendide

Rejoint le premier ravitaillement, je m'arrête pour faire quelques photos et faire le point par Whatsapp avec les amis.

S'en suit une bonne descente où je lâche les jambes et me fais plaisir. C'est bien moins fatiguant lorsqu'on arrive à se détendre en descente. Attention par contre à tout le temps bien rester vigilant parce qu'avec la vitesse, le moindre faux mouvement peut bloquer le dos ou déclencher une crampe (bon c'est un peu tôt dans la course pour en arriver là). A cette hauteur du peloton je vois bien que les autres coureurs gère moins bien les descentes, je les engloutis à pleine bombe. On fera chassé-croisé à plusieurs reprises. Oui parce que moi ce sont les montées où je performe moins.

Au pied de cette descente, c'est l'ascension vers le Gornergrat qui s'annonce. Je me réjouis d'y être, je n'ai jamais couru si haut! Il faut y mettre du siens par contre au vu des 1000m de dénivelé qui se profilent. La dernière partie est lunaire, on se retrouve sur la crête avec sur notre gauche le massif du Mont Rose, en face la pointe du Cervin et à droite, le Rothorn où se court la VZR (Verticale Zermatt Rothorn). L'air est agréable et bien que je ressente un petit mal de crâne, je me sens plutôt euphorique quand j'arrive au 2ème ravitaillement. J'aurai mis 1h18 à monter, soit quasi 20mn de plus que les meilleurs.

Sur l'arrête menant au Gornergrat, le massif du Mont-Rose en arrière-plan

Sur l'arrête menant au Gornergrat, le massif du Mont-Rose en arrière-plan.

Entourés de pas mal de touristes, je profite de bien me ravitailler et retrouve un traileur avec qui j'avais couru une partie du trail de la Pierre A Voir. On s'échange quelques mots et on se souhaite une bonne course, le sourire aux lèvres, bien conscients qu'on vit une journée magique.

Une bonne grosse descente, sans trop de difficulté, bien large mais parsemée de cailloux plus ou moins gros, je fonce. Le tracé doit rejoindre Riffelalp, soit 6km à -14.5%. Le corps encaisse bien, je prends un max de plaisir et en moins de 30 minutes me voilà au 3ème ravitaillement. Je prends un peu de bouillon en écoutant les cors des Alpes. Les concurents de l'Ultraks 30k nous rejoignent du coup il y a un peu plus de traffic au moment de repartir en direction de Furi.

C'est un peu handicapant à partir du km 23 où une descente plus technique commence. Je ronge mon frein par moment, force des dépassements à d'autres. On passe de rochers en rochers, des plaques de pierre lisses inclinées, des racines, tout ça semble faire peur à la majorité des coureurs qui m'entourent. Je me sens à l'aise et avale le plus vite possible ce segment que j'ai franchement adoré. Derrière moi j'entends une concurrente me commenter mes qualités de descendeur mais trop concentré, je ne prends pas le temps de lui répondre (elle parle en anglais, pas assez de cpu pour tout gérer non plus). La fin de cette descente nous mène à un vrai test pour moi qui subit le vertige. Le pont suspendu au-dessus des gorges de la Gorner, 90 mètres plus bas. On n'a pas le droit de courir durant la traversée. Je jète un coup d'oeil dans le vide pour voir si je me fais des idées avec ce vertige. Bon c'était une mauvaise idée, j'ai bel et bien le vertige et ce n'est pas le moment de jouer avec. Crispé du coup, je m'aggripe alors que le pont se balance avec l'avancée des concurrents. Autant dire que je suis bien soulagé d'arriver à l'autre bout. Mon petit cri en témoigne, les spectateurs réagissent en m'encourageant de plus belle. Ouf. Maintenant un bout en forêt super agréable, plat, rafraichissant.

Rejoindre le dernier tier de la course rime avec une fameuse montée vers Schwarzsee. En voyant le profil de la course on peut croire que la montée au Gornergrat est le menu principal en termes d'ascension. C'est faux. J'ai cru que j'allais m'évanouir. C'est trompeur, il fait chaud, c'est super exposé et on a plus de 25km dans les jambes. Honnêtement, je me suis demandé plusieurs fois durant cette grimpe si je n'allais pas abandonner une fois en haut. Finalement, en avançant en mode pilotage automatique j'atteins le ravito. Je m'y pose un bon moment, je mange du pain, du chocolat, des blévitas et bois plusieurs coca et bouillons (à mon grand dam aucun Tuc sur tout le parcours!). Je prends aussi de l'eau fraîche que j'utilise pour asperger mes jambes en plus de bien m'hydrater. Encore quelques flexions pour soulager mes jambes et petit à petit la forme revient. Je crois que c'est l'eau fraîche sur les jambes qui m'a fait le plus de bien. J'arrive repartir pour profiter d'une nouvelle belle descente. Je me mets à chantonner du Simon & Garfunkel, les gars que je dépasse doivent me prendre pour un taré.

Le mythique Cervin, visible toute la journée.

Le mythique Cervin, visible toute la journée.

Direction Stafel. Et là ce sont les souvenirs de la Haute-Route Chamonix-Zermatt qui surgissent. Reprendre une partie du chemin que l'on avait fait depuis la Schönbielhütte m'a enchanté, d'autant que je ne m'y étais pas attendu. Le contexte est maintenant un peu différent, on est dans une partie plus roccailleuse jusqu'à ce que ça remonte. On passe sur le dernier versant avant de revenir sur Zermatt. Je rejoins le dernier ravitaillement de Trift après une nouvelle descente avec pas mal de lacets, un petit risque de chute (je fais une frayeur à une randonneuse) et à nouveau une vitesse qui m'enivre. Je passe la distance marathon et entre dans un nouveau monde à ce niveau, celui de l'ultra! Il me reste une petite montée avant la longue descente qui mènera aux 48km de cette épique sortie longue.

La descente est agréable mais les lacets commencent à casser les jambes au bout d'un moment. Le mélange entre fatigue et de savoir qu'on y est quasiment m'endort, j'ai moins de rythme. Je me rends compte aussi dans la descente que j'ai fait une mauvaise manip avec mon iPhone, mon frère demande où je suis, je l'ai appelé sans le savoir... Je tente de le rassurer par message tout en courant. Après coup je me dis que c'était pas très malin de faire ça en pleine descente. Bref toujours pas de chute c'est l'essentiel et plutôt une bonne nouvelle au vu de mes derniers trails (oui je suis un peu maladroit, un peu casse coup par moments). Finalement la forêt se termine. J'entre dans Zermatt. Les premiers spectateurs et finishers encouragent. On arrive au centre par une descente pentue je laisse tourner les jambes, la foule grossit, les acclamations prennent de l'ampleur. Un virage à 90° et j'atteinds la dernière ligne droite. On se laisse volontiers porter par les cris du public, et là je vois mes potes qui crient mon nom. Trop content je tope leur main et me dirige tranquillement vers la ligne avant des les prendre dans mes bras pour une chaleureuse embrassade. Un vrai groût de bonheur ces trails.

Une météo splendide, un dénivelé casse-jambe mais digeste, une organisation sans faille. Ajoutons-y une bonne fondue fribourgeoise au chalet entre amis et vous avez là le parfait coktail pour me rendre assurément, HEUREUX.

Je termine 3h après le vainqueur en 7h45. J'ai subi 3 semaines à l'arrêt complet à cause de mon ventre qui en a (encore) fait des siennes fin juillet du coup, très content de terminer en bon état, sans bobo, avec encore une bonne énergie. Si je devais commencer à vouloir viser des temps il faudrait clairement améliorer mes performances en montée et me renseigner sur la gestion de courses aussi longue. Mais franchement, pour le moment c'est clairement pas ce qui m'attire. J'ai tellement de plaisir à profiter de la nature et de l'ambiance que le chrono n'est de loin pas une préoccupation.

Du gros bonheur pour un gros trail donc. Cette année j'ai la chance de pouvoir encore avoir 2 belles courses au programme alors rendez-vous pour de nouveaux récits tout bientôt!

Courir dans un cadre magnifique

Courir dans un cadre magnifique


Lien vers l'activité Strava - un nouveau petit jouet, la vidéo générée par Suunto:

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<![CDATA[Clap de fin, Juneathon #30]]>Un mois à courir tous les jours à l'exception de 2. J’ai nagé le jour avant le Trail de la Pierre Avoi et j'ai fait des exercices de renforcement le lendemain. 211.8km en 30 jours, mon plus gros volume.

Au fil des jours, je me suis rendu compte

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http://runboyrun.ch/juneathon-30/5d5be6cf-5aa2-4fa0-99c6-1b69160686f5Tue, 30 Jun 2015 20:38:56 GMTUn mois à courir tous les jours à l'exception de 2. J’ai nagé le jour avant le Trail de la Pierre Avoi et j'ai fait des exercices de renforcement le lendemain. 211.8km en 30 jours, mon plus gros volume.

Au fil des jours, je me suis rendu compte que mon corps encaissait vachement bien ce programme inhabituellement chargé. Très peu de bobos dus à mes sorties, mon ventre m’a pourri durant 2 fois quelques jours (très mal ce soir) mais je sais que ça ne vient pas de la course.

Au niveau écriture, l'inspiration n'était pas toujours présente et il fallu bien trop souvent écrire un peu dans l'urgence hélas. Mais l'exercice m'a beaucoup plu aussi de ce côté-là. Pour bien écrire il faudrait pouvoir le faire chaque jour, je le sais. Le billet quotidien n'a de loin pas été bon à chaque fois. Mais il faut passer par du moins bon pour de temps en temps espérer écrire quelque chose qui nous plaise.

De ce juneathon, je me souviens plus facilement de 3 sorties je crois:

  • La sortie à Chaumont: une sortie qui m'a extrait de la routine des footing de 5km, un magnifique parcours que j'aimerais pouvoir faire bien plus souvent. Il faut juste avoir assez de temps sur la pause déjeuner. La montée avec le soleil dans le dos, les odeurs de pins, les cuisses qui chauffent comme il faut avant une magnifique descente en forêt. Génial!
  • La dernière étape du tour du canton de Genève: malgré mon mal de ventre, l'ambiance et courir en équipe me pousse à donner plus que si j'étais en individuel. Je suis content de mon temps mais surtout de la super ambiance partagée avec l'équipe. On finit au pied du podium avec notre bouteille de rosé.
  • Le trail de la Pierre Avoi: j'adore courir quand ça me permet de d'explorer un nouveau coin de nature. Ce trail m'a carrément gâté. Comme souvent, les courses en montagne dépaysent, font vivre le dépassement de soi, font découvrir une ambiance bon enfant, chaleureuse et un plaisir tout autre que les courses citadine (que j'aime aussi). Après un samedi pareil, j'avais la banane rien qu'en repensant au parcours, aux rencontres, aux odeurs, à la fraîcheur de l'altitude, l'odeur de la forêt, la chaleur des vergers d'abricotiers...

Cette idée de créer une communauté sur un mois, à courir chaque jour m'a bien botté. J'espère que l'année prochaine il y aura quelques amateurs francophones, peut-être même certains avec qui je pourrais faire une ou deux sorties? Ce serait encore mieux car les interactions ont été limitées. Sur twitter, je suis tombé sur quelques récits qui m'ont bien plu c'est sûr, j'ai d'ailleurs pu voir que @drdavehindley, l'auteur de l'article dans Like The Wind qui m'a fait découvrir le concept, participait cette année. Son blog me plaît bien, on sent tout de suite les qualités d'écrivain. Super cool aussi de voir chaque jour, les doodles de @UltraBoyRuns. Chacun mène son juneathon à sa manière. On découvre des coureurs amateurs d'un peut partout (mais surtout des UK), le groupe Strava a rassemblé 43 membres, à part moi j'ai pu voir une canadienne mais autrement il me semble que c'est uniquement UK.

Et maintenant?

On connait tous ces sensations. Durant une course on cravache, parfois on se demande ce qu'on fout là à se faire mal, on se dit qu'on est en train de se dégoûter de ce sport. A l'arrivée on est lessivé. Mais il suffit de quelques minutes de récupération, dans la zone d'arrivée et très vite on se prend à penser à une prochaine course à laquelle on pourrait prendre part. L'envie de découvrir ou de se dépasser, je ne sais pas...

Il existe aussi le pendant hivernal avec le janathon. Je pense que jamais je m'y collerai. Le reste de l'année est exempte de ce genre de challenge pour moi. Juillet sera sûrement un peu plus axé vélo. Fin du mois, je fais une semaine à travers la Suisse sur route et il va falloir que je fasse un peu tourniquer mes jambes pour avoir le rythme. Ensuite principalement 2 courses sont à mon programme. Deux magnifiques trails. L'Ultraks et l'UTAT. J'en reparlerai c'est sûr. Ce ne sont pas de vrais objectifs en tant que tel, je veux surtout pouvoir finir ces courses dans un bon état mais au final mon but est vraiment de découvrir, de faire voyager mon esprit et de ressentir de nouvelles émotions.

La dernière sortie de ce juneathon

Je termine ce juneathon en démarrant depuis le boulot, alors qu'un éléphant se repose à quelques mètres. Le cirque s'est installé à Neuchâtel. Le lac est bleu turquoise, presque vert, en toile de fond on voit les alpes légèrement voilée par une légère brume. Il fait 30°, de quoi nous habituer gentiment à la canicule qui arrive cette fin de semaine. Soulagement d'en avoir terminé avec les séances quotidienne parce que courir sous ce cagnard, c'est loin d'être facile! Mon ventre me déprime, je me réjouis d'avoir fini mais parviens quand même à faire mes 5km. Je savoure ensuite une salade au soleil avant de retourner à la mine. Ce juneathon a été riche en enseignements, m'a bien motivé et je pense répéter l'expérience tant de fois que mon corps le voudra bien.

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<![CDATA[Juneathon #29]]>Le soleil se couche quand je sors. Les quelques verres de vin que j'ai pris m'ont carrément coupé les jambes mais la moiteur de cette chaude journée me met de bonne humeur. Je rejoins le lac pour cet avant-dernier juneathon. Le Mont-Blanc est toujours magnifique, je me pose comme je

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http://runboyrun.ch/juneathon-29/c3c52e0b-3728-4717-83ba-9e3c397e7a53Mon, 29 Jun 2015 20:15:22 GMTLe soleil se couche quand je sors. Les quelques verres de vin que j'ai pris m'ont carrément coupé les jambes mais la moiteur de cette chaude journée me met de bonne humeur. Je rejoins le lac pour cet avant-dernier juneathon. Le Mont-Blanc est toujours magnifique, je me pose comme je le fais de temps en temps au bout de la digue à Rive qui fait face à ma jolie petite ville de Nyon. Sur ma droite, je vois le radar de la Dôle, tout là-haut à contre-jour en guise de phare. Sur ma gauche, la lune, luminaire blanc qui surveille le Mont-Blanc sur fond de ciel bleu. Quelle paix. Ma peau est transpirante de l'effort, mais je me sens vraiment bien. Mon ventre n'est pas au mieux, mais je suis heureux d'être là, de pouvoir savourer ce moment, seul.

Je termine demain ce juneathon, l'habitude du run quotidien est bien implantée maintenant. Je me réjouis de retrouver plus de temps pour d'autres activités qui me plaisent, mais de l'autre j'ai le sentiment que je pourrais continuer à courir chaque jour, ça devient un automatisme qui me plaît. Chouette expérience.

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<![CDATA[Juneathon #28]]>Avant que la bande d'amis arrivent pour un barbecue à rallonge ce dimanche, j'ai réussi à me caler un footing de 5km, mon quotidien maintenant depuis le début du mois. Le ventre me gâche toujours un peu le plaisir mais de moins en moins. Le Mont-Blanc aujourd'hui était tout beau,

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http://runboyrun.ch/juneathon-28/94130064-d4e1-4d9c-998f-c560a5803539Sun, 28 Jun 2015 21:18:42 GMTAvant que la bande d'amis arrivent pour un barbecue à rallonge ce dimanche, j'ai réussi à me caler un footing de 5km, mon quotidien maintenant depuis le début du mois. Le ventre me gâche toujours un peu le plaisir mais de moins en moins. Le Mont-Blanc aujourd'hui était tout beau, tout blanc, bien visible. C'est magnifique de pouvoir courir dans ces conditions. La chaleur du soleil, une légère brise, une vue splendide. Il en faut peu pour être heureux.

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