Un Yak à l'Humani' Trail

27km à parcourir les hauts des Diablerets sous le soleil, avec des amis qui se mettent à aimer le trail. Du gros plaisir, sachant aussi que ce qu'on a payé pour avoir un dossard est reversé sur une dizaine de projets caritatifs au Népal auprès d’enfants défavorisés. L'humanitrail c'est ça. Un ensemble de courses dans les Alpes vaudoises, encadré par une équipe de bénévoles qui ont à coeur d'aider. Voici mon compte rendu de ces 27km, le trail du Yak.


Coup de feu à 10h15, sous le soleil, le peloton s'étire gentiment sur à peu près 3km avant d'arriver à la première montée déjà bien sèche. Le plat de résistance en fait et c'est pas plus mal, autant se le prendre quand les jambes sont encore toutes fraîches. A travers la forêt, on longe par moments les pilônes des remontées de Vers-l'Eglise, pour nous prendre 800m de D+ en à peine plus de 3km. Ca pique les jambes, ça glisse par endroits malgré les journées splendides de ce mois de septembre, mais je monte avec le sourire, tout content de pouvoir partager cette course avec des amis. J'aurais dû participer au 55km en relais mais malheureusement ça n'a finalement pas pu se faire, je me suis donc rabattu sur le 27km (à charge de revanche l'année prochaine Flo!).

Meilleret correspond au sommet de cette montée et les organisateurs ont eu la bonne idée d'y planter le premier des deux ravitaillements. Accueilli avec le sourire, je remplis ma flasque et me jète sur les Tucs (J'AIME LES TUCS!) et prends 30 secondes pour discutailler avec les bénévoles. Au moment de repartir, je suis émerveillé par la vue et ne peux m'empêcher de dégainer mon téléphone pour prendre une photo.

Passé la première montée, le plaisir de foncer sur ce replat après le ravito de Meilleret

Passé la première montée, le plaisir de foncer sur ce replat après le ravito de Meilleret

La crête est roulante je reprends du monde facilement et manque de justesse de bien me fouler la cheville après un saut. On quitte ensuite la crête pour une descente que je déboule en déroulant les jambes, que j'aime ça! Les sensations sont bonnes, il faut dire que je suis en pleine bourre avec mon entraînement marathon qui suit bien son train et me permet d'avoir une super caisse. Je prends garde quand même à ne pas me mettre dans le rouge. Aujourd'hui comme à Interlaken, le but est de prendre du plaisir, sans se faire mal et de capitaliser pour le marathon de Lausanne.

Au moment de surplomber le lac des Chavonnes, à nouveau je ne peux m'empêcher de faire mon reporter photo. La lumière est magnifique, le terrain de jeu est varié c'est génial. Après mon cliché, je déboule la pente pour redépasser les même concurrents que je ne fais que croiser à force de descendre à boulet et de m'arrêter pour prendre des photos. Des pécheurs assis tranquillement au bord du lac doivent peut-être nous maudire à perturber leur tranquillité mais n'empêche que c'est un coin splendide qu'il me fait grand plaisir de revoir. Une famille a démarré un petit feu de camp que j'aurais bien rejoint avec une saucisse tiens… Mais bon, continuons à savourer ce parcours!

Le lac des Chavonnes

Le lac des Chavonnes

Passés le restaurant du lac, on attaque une nouvelle montée, la deuxième difficulté du jour. Je rejoins un concurrent de Fribourg que je croise pour la nième fois depuis quelques kilomètres. On cause un peu. Frustré par son tartare de la veille, il se plaint de peiner à avancer. Moi je suis content qu'il soit devant, je monte tranquille, c'est une bonne loco. Ensuite il me dit avoir 17 ans et quand je lui dis que j'ai presque le double il me nargue un peu. Je rigole mais le laisse derrière alors qu'il veut s'enfiler une barre énergétique. Je monte bien, il fait plutôt chaud maintenant, ça transpire, pour un 24 septembre c'est plutôt incroyable la chaleur qu'il fait. La montée devient de plus en plus technique avec la largeur de notre chemin qui se rétrécit, des pans vertigineux se font apercevoir par moments. On finit par rejoindre le Chamossaire, point culminant de notre parcours du haut de ses 2099 mètres. Accueilli, avec le sourire toujours, par quelques bénévoles, je rigole de la chance que la fille a d'être là. C'est splendide de surplomber le domaine de Villars, au soleil. Je lui souhaite une belle journée et me lance tête baissée dans la descente qui nous mènera au deuxième ravitaillement à Bretaye.

Il y a aussi une petite descente entre le Petit Chamossaire et le Chamossaire.

Il y a aussi une petite descente entre le Petit Chamossaire et le Chamossaire.

J'y parviens après une bien belle descente et m'arrête pour de vrai à ce ravitaillement parce qu'on avait convenu de se retrouver avec 2 de l'équipe d'amis sur place. Je ne les vois pas et prends donc mon temps à ingurgiter fromage et viande séché et un peu de coca. Des cors des Alpes sont là aussi, je vais vers eux pour savoir quand ils vont se mettre à jouer et me disent qu'ils vont en faire une pour moi. Aha, je savoure ce moment même si je ne comprends pas pourquoi mes amis ne sont pas encore là. Un sms et un appel plus tard pour se rendre compte qu'en fait elles se sont un peu perdues les nanas. Bon je promets d'attendre mais après plusieurs minutes je me dis qu'il va quand même falloir y aller parce que les jambes commencent gentiment à durcir! Un petit appel pour prévenir de mon départ et c'est parti, au revoir les musiciens!

On va en faire une pour toi!

On va en faire une pour toi!

La suite est une série de bosses un peu casse pattes mais roulantes. Des chemins bien larges qui nous mènent au hameaux de Ensex où se profile la dernière petite vraie montée. A peu près 100 mètres de dénivelé positif. Ca va on va pas tirer la gueule. En haut, on rejoint les coureurs du 15km avant de prendre la descente qui va nous mener aux Diablerets.

Juste avant d'amorcer la descente

Juste avant d'amorcer la descente.

Et quelle descente. Technique à souhait, on est quasiment tout le temps en forêt donc la chaleur se fait moins pesante mais entre les racines et les bons cailloux parfois costaud, je me fais plaisir en restant toutefois concentré. Je dévale en prenant garde de rester décontracté pour ne pas me pincer le dos. Je passe pas mal de concurrents, forcément avec mon long arrêt au ravito ceux qui m'entourent sont un peu plus lents.

La fin de la descente correspond avec une brève sortie de la forêt pour rejoindre une clairière. Des façades verticales nous entourent, on court dans l'herbe en se sentant tout petit, je pousse un petit cri de joie. Ce sport me donne la banane!

Pour rejoindre la ligne d'arrivée, il nous faut encore parcourir une dernière forêt, enjamber quelques fois le court d'eau du coin dont une fois sur un pont népalais (bien cool!). Un tracé final fait de plein de relances, mais courir sur cette quasi piste finlandaise, c'est plutôt pas mal pour les articulations pour en finir avec ce parcours! Je me sens frais au moment de rejoindre le village, le public se fait un peu plus fourni, les derniers encouragements portent et je rejoins Jérôme que j'ai croisé aussi à plusieurs reprises. Il prend aussi pas mal de photos, en arrivant dans son dos je lui lance "alors c'est quelle année le tshirt vert?". Il porte en effet le tshirt finisher du semi-marathon d'Aletsch que j'avais fait il y a quelques années et que j'ai en rouge. Il me dit 2015. On se met alors à causer un peu et on termine la course ensemble. Je suis toujours content quand je peux terminer aux côtés de quelqu'un. C'est quelques minutes de partage mais elles valent le coup. Après la ligne, on se quitte avec le sourire en se topant la main et je vais me prendre quelques rasades de Rivella.

Attendre que les amis en terminent c'est nouveau pour moi sur un trail mais c'est bien sympa. Pieds nus dans l'herbe de l'arrivée, on est tout fou fou de voir Loïc, Maaike et Marc en finirent avec leur course. C'est une superbe journée qu'on n'aurait pas pu mieux terminer qu'en allant déguster notre fondue au bord du lac de Retaud.

Il est temps de rentrer reposer les yeux

Il est temps de rentrer reposer les yeux.