High Trail Vanoise

3h, 3h05, 3h10. Pas des temps de marathon mais les 3 alarmes prêtes à sonner sur mon iPhone. Tout excités, on se couche sur les coups de 22h après plusieurs heures de route, la prise de notre dossard et autres goodies (on reçoit un Opinel quoi, quelle classe!) et notre dernier ravito paisible. Quitte à prendre du bon temps, je m'offre même un verre de rouge. Bien m'en a pris, ça calme un peu mon excitation qui se rapproche du délire par moments.

Le dodo se passe tout bien, aucun problème. La première des trois alarmes suffit. La tête dans les choux pour ma part, on rejoint la ligne de départ.

300 coureurs au départ apparemment. C'est parti pour 70km, 5400 mètres de dénivelé et des passages en altitude, jusqu'à 3600 mètres.

Nos frontales branchées, les premiers kilomètres passent facilement. Montée tranquille. Le temps glisse jusqu'aux premières lueurs du jour. A dire vrai, ces moments dans la nuit ne m'ont pas paru trop long, le réveil se fait en douceur. Lorsque les reliefs commencent à se démarquer, le ciel violacé, je déguste. Quelle joie de profiter de ces moments de l'aube, à passé 2500 mètres!

Le premier ravitaillement se profile au 15ème kilomètre. Le même que nous rejoindrons au km 20 après notre passage sur le sommet de la Grande Motte. Cette course offre bien suffisamment de ravitaillements, tous aussi bien les uns que les autres. Tucs, pain d'épices, bouillon sur l'un d'eux, pain, chocolat, compotes de pommes... Il y en a pour tous les goûts et l'accueil est toujours agréable. Top.

Chausser les Yaktrax, voilà une autre nouveauté pour moi sur cette course en plus de parcourir des sommets si élevés. Ça tient bien ces machins, c'est génial! Le dernier km de l'ascension se fait en file, les câbles fixes nous accompagnent. Le râle d'un japonais aussi. C'est vrai que c'est fatigant mais quand même, mets-là en sourdine! Bref, on atteint le sommet. Je ne sais pas comment décrire ce que ça fait d'atteindre ce genre d'endroits après quasiment 4h de course déjà. Cette impression d'être plus haut que tout. Faire un tour sur soi et de voir un ciel sans nuage, bleu azure, ces sommets majestueux, cet air frais, pur, l'envie de crier sa joie. Je ne me lasserai jamais de vivre ces émotions que fait surgir un parcours montagneux. Il nous reste plus de 50km à parcourir il faut donc pas trop trainer. La descente se fait elle aussi pour la première partie l'un derrière l'autre. Heureusement qu'il n'a pas plu de la nuit, je n'aurais pas aimé parcourir cette roche en terrain glissant.

Ca valait la peine de se lever!

Ca valait la peine de se lever!

Le bonheur de la descente. Toujours présent pour moi, j'adore ça. Et avec ces Yaktrax dans la neige, c'est bien fun! Je m'amuse et rejoints le ravitaillement rapidement avec dans l'idée de changer de chaussettes, ôter Yaktrax et mes manchettes sans faire trop attendre Loïc. Comme ça fait du bien d'enlever ces chaussettes longues! J'étais pas fan de les mettre, mais courir sur glacier avec ça c'était sûrement plus sage vu mes très hautes compétences en matière de chute et de pertes d'équilibre. Etonnement, aucune chute au compteur jusque-là.

Quelques bouchées et c'est reparti. Et là, le premier hic pour moi. Passé quelques foulées dans la neige, je me retrouve à ressentir un sacré coup de barre! Crevé. Ça m'inquiète parce que c'est super tôt, on vient tout juste de passer la marque du semi-marathon! J'avoue ma petite forme à Loïc au bas de la descente, sur les bords du lac de Tignes. Le brave me rebooste et me rassure. Ça a beau être tôt, ça va finir par passer, penser positif comme il dit! Et effectivement ça va finir par s'atténuer. La montée suivante est douce et pas trop longue ce qui nous permet de rejoindre un plateau et une belle descente dans de bonnes conditions.

Interminable montée, La Daille déjà minuscule, c'est pourtant loin d'être fini.

Interminable montée, La Daille déjà minuscule, c'est pourtant loin d'être fini.

Atteint le km 35, on se trouve à mi-chemin! De la musique au ravito, une jolie ambiance qui redonne aussi de la motivation à continuer. Je me sens mieux mais c'est sans savoir complètement ce qui vient. La montée depuis ce ravito à La Daille jusqu'au Passage de Picheru fait très, très mal. Interminable et raide, la chaleur n'y arrangeant rien, c'est surtout l'effort discontinu qui m'entame. Ces 900m de D+ sont pas cool mais voir le ravito précédent devenir toujours plus petit au fil des lacets donne du courage. Le passage atteint, on attaque une descente qui me montre à nouveau que j'ai tout de même encore des ressources. Les jambes tournent bien mieux sur le dénivelé négatif.

Le lac du Santel

Le lac du Santel

Au ravito, je rejoins Loïc qui m'a lâché dans la montée. Cette fois-ci c'est lui qui grince un peu des dents, sa hanche le faisant souffrir. Il se masse par prévention. Je me ravitaille tranquillement en admirant l'eau turquoise, rassuré d'avoir que 300m de D+ avant la prochaine descente. Son massage terminé, on monte ensemble tranquillement. Le Col de la Bailletaz nous accueille après ces 300 mètres terminés. Et là je ne peux m'empêcher d'appuyer dans la descente. Ça me fait un bien fou de voir que que c'est revenu. On se tire la bourre avec un autre coureur. Le terrain est technique mais pas trop on peut vraiment bien dérouler sur ces lacets. On passe pas mal de monde, et il me laisse finalement aussi passer devant. Après plusieurs kilomètres, je commence aussi à fatiguer un peu au niveau des quadris et genoux, je ralentis donc mais j'arrive au ravito du Fornet rassuré et avec la banane. Singularité ici, on nous offre du bouillon que je ne manque pas de prendre. Refaire une petite réserve de sel avec du bouillon m'a toujours bien plu. Quand Loïc débarque il m'avoue que ça ne s'arrange hélas pas trop son mal. Il profite des soins des kinés présents et on prend bien le temps de se ressourcer avant la prochaine montée.

Ces rhodos me donnent du peps

Ces rhodos me donnent du peps

On reprend direct avec la montée du GR 5. Loïc passe donc de nouveau devant. Il garde un rythme tranquille je parviens à rester avec lui. Moins péchue, cette montée va nous amener tout de même à 3300m à l'Aiguille Pers. Moins péchue peut-être mais passé le ravito du Col de l'Iseran on prend un coup au moral en voyant ce qu'on a encore à grimper avant de retourner sur Val-d'Isère. Le sommet paraît tellement loin, tellement haut, les coureurs là-haut ne sont que des points infimes. Je n'ai pas envie de croire mon coéquipier, on doit monter encore 700m de D+ tu plaisantes?! C'est long, on commence à avoir froid à cause de la fatigue qui s'accumule sûrement mais comme toujours, se retrouver tout en haut fait plaisir. La vue impressionne mais le froid accélère notre départ et on s'amuse à glisser dans la neige.

De retour au Col de l'Iseran on nous annonce la dernière montée à 200m de D+. On touche au bout! Je caille encore plus après qu'une bénévole m'ait renversé de l'eau sur ma main, je ne parviens pas à avaler mon pain d'épice, il finit dans la poche de ma veste et je reprends mes bâtons. On se remet à monter sec pour rejoindre un tunnel de 200 mètres de long qui nous permet de retrouver le cirque des Lessières, au-dessus de Val-d'Isère. Quelques bosses face au soleil couchant, de grosses gouilles ou de petits lacs c'est selon, la lumière est apaisante. Va falloir penser à aller se coucher. Je me réjouis de voir l'arrivée, on finit par avoir le village à vue mais qu'il est loin, en bas! Les pentes raides me font souffrir les genoux à force. Avant d'amorcer une nouvelle descente bien raide, je stoppe Loïc et profite d'enlever mon coupe-vent, mes manchettes mais surtout de reposer mes genoux. Soulagés, la suite se déroule mieux. On dévale les derniers mètres. On sait que c'est bon, on va y arriver! Partager l'arriver à deux, c'est marquant. On va s'en souvenir de cette superbe virée. Quelle ballade!

Finishers!

Finishers!

70km, 5400m de dénivelé. Ca fait mal, mais quel bol de pouvoir vivre ça. Quasi 16h de course, des images plein la tête. J'en veux d'autres des comme ça. Si on était 300 à partir sur le grand parcours, nous ne sommes que 221 au total à rallier l'arrivée malgré une rallonge de 30 minutes sur les barrières horaires. Cette course n'est franchement pas des plus faciles!