The Show must go on! La MXTreme 2020 du Montreux-Trail Festival.

La Covid-19 chamboule tout cette année et les courses font forcément partie du lot. Ce n'est clairement pas ce qu'il y a de plus important dans la vie mais là ça fait quand même super plaisir de savoir que les 2 courses auxquelles je me suis inscrit cette année ont réussi à maintenir leur événement. Du moins partiellement ou de manière adaptée. Concernant le Montreux Trail Festival, 3 courses ont survécu: la MXFamily, la MXSky et la MXtreme. Après les beaux moments partagés l'année passée sur la TVSB1, on remet ça avec Loïc en nous alignants sur le long parcours: 112km, 8500m D+ en traversée. Depuis Bex, l'objectif est de relier Montreux. Entre deux, le menu est plutôt alpin, comme on aime.

La récupération du dossard et le briefing d'avant course se font dans une ambiance inédite avec tous ces visages masqués et la distanciation physique plus ou moins bien respectée. On nous annonce une météo idéale avec du soleil mais pas trop de chaleur, des crêtes, des montées, des descentes, des chaînes, arrête on veut partir! Finalement briefés, Loïc et moi rentrons nous restaurer et nous préparer pour un bon petit dodo. Aussi bien lui que moi dormons très bien. Le réveil se fait sans difficulté. Les affaires préparées la veille, il n'y qu'à enfiler le complet de course, remplir les gourdes et feu départ!

On se retrouve à Bex en quelques minutes, grâce à un petit voyage en taxi très gentiment offert par Christelle, l'épouse de Loïc. Il fait nuit bien sûr, il n'est même pas 4h du matin. Le départ se fera d'ailleurs à 4h10. On dépose notre sac d'allègement qui sera à notre disposition après plus ou moins 60km, au Sepey. Aller, on file vers la ligne de départ. Les 10 premiers kilomètres nous verront faire une ascension de plus de 2000 mètres. Question échauffement c'est bien, ça réveille en douceur!

5h38, je regarde la montre. Les premiers chants d'oiseaux nous accompagnent et je veux m'en rappeler. Alors qu'on arpente encore la montée vers les Dents de Morcles, ce doux réveil de la nature donne le sourire. On avance depuis 1h30, quasiment uniquement de la montée, en forêt en file indienne. On est parti sur un rythme très calme, calqué sur nos compagnons de courses qu'on a rejoint plutôt sur la queue de peloton lors du départ. Aux premiers chants d'oiseaux se joignent les premières lueurs du jour. On se régale à voir les Dents du Midi léchées des premiers rayons dorés. On discerne par moments aussi ce qu'on rejoindra bien plus tard: le Grand Chamossaire, la Tour d'Aï, le lac Léman… Ça en fait du chemin!

Il nous faut 2h45 pour rejoindre la cabane de la Tourche, le premier ravitaillement après 11km mais déjà 2000m de dénivelé positif! L'accueil se fait chaleureusement avec du désinfectant pour les mains et on ne nous laisse pas nous servir nous-mêmes. Les bénévoles nous donnent une barquette fournie de ce que l'on veut. Ici mon menu sera: petit pain d’épeautre fourré à la poire, du chocolat, un quartier d'orange et petit paquet de crackers genre-Tucs-mais-quand-même-c'est-pas-pareil et un bouillon bien chaud. On déguste en admirant le Mont-Blanc, les Dents du Midi et le massif qui nous surplombe avec les Dents de Morcles qui sont au soleil. On déguste mais pas trop longtemps car on se refroidit vite!

Derniers mètres de la première ascension, accompagné des chèvres

Derniers mètres de la première ascension, accompagné des chèvres

On amorce la suite alors que je savoure encore mon paquet de crackers. Loïc fait un message vocal à Miki qui nous a envoyé des encouragements peu avant notre départ. Elle prévoit de nous supporter sur le parcours aux alentours de la Tour d'Aï. C'est loin tout ça, aucune idée quand on s'y trouvera mais on se réjouit de la croiser! Notre montée se poursuit maintenant dans la caillasse, fini les arbres, nous voilà en terrain alpin et qu'est-ce qu'on aime ça! Aux alentours de 2500 mètre d'altitude, nous nous mettons à longer le massif sur son flan et par moments, un coup d’œil sur le cirque parallèle nous permet d'admirer la beauté d'autres lieux tout proches. Ce que surplombe les Muveran, les Dents de Morcles et autres pics formant cette arène est magnifique, surtout sous cette douce lumière du matin. Les chèvres nous escortent sur cette partie entièrement gravelée. C'est exposé avec des chaînes de-ci de-là mais c'est pas bien méchant. Il faudrait pas tomber c'est sûr, mais le sentier n'est ni glissant ni piégeux.

Les premières foulées à la descente

Les premières foulées à la descente

Ce flan de montagne passé, nous pouvons amorcer la descente. Exercice qu'on affectionne, ce que je préfère je crois. Dévaler la pente sans trop de retenue, surtout à ce moment de la course où les jambes sont fraîches, le dos ne donne aucun signe de fatigue et le sentier n'est pas difficile. C'est super bon. Et on repasse par les mêmes étapes: caillasse, rocher, pâturage, forêt et hop on se retrouve sur la route menant maintenant à notre prochain ravitaillement, le Pont-de-Nant. Dominés par le Grand Muveran, l'endroit est majestueux. Je l'admire, une tranche de saucisson vaudois en bouche. Quelques verres de coca aussi et l'aventure continue. Ça se poursuit sur un terrain plus large, on cause plus facilement en progressant. A la montée, un cor des alpes rend l'ambiance d'une paix savoureuse. L'ascension, douce cette fois-ci, se fait facilement quand bien même le soleil commence à chauffer nos carcasses. Avant d'atteindre Solalex notre prochain arrêt dégustation, c'est une nouvelle descente qui nous attend. Pas compliquée non plus mais qui demande de la concentration quand même car on court et le chemin est jonché de cailloux en tous genres. A quelques pas du prochain stop, un collègue me lance, mais t'es parti depuis ce matin en débardeur? Mais oui msieur pourquoi? Pas trop froid? Aha non pas de souci… C'est la première fois que je me lance sur une course accoutré de la sorte, je dois dire que ça rafraîchi sensiblement c'est vrai, j'ai apprécié.

Solalex = polenta! Bonne idée de menu, je la déguste au bord d'une fontaine aux côtés de mon camarade et de Tao et Christelle qui nous ont rejoints. Encore quelques coca et au moment de partir, je remarque un panneau "Dortoirs". Une petite sieste Loïc? Quelqu'un surenchérit en m'entendant, ventant la beauté du-dit dortoir tout fraichement rénové. C'est gentil, mais je pense qu'on ferait mieux de se remettre en route non? Que oui! D'autant plus que, selon le même gaillard, un très beau village nous attend sur la route pour le col de la Croix, notre prochain ravitaillement. Taveyannaz. Navré mais ce village ne m'a pas particulièrement marqué. Je crois que c'est où j'ai confondu une aimable bénévole avec une connaissance. Mais bref, avant d'atteindre ce village, on passe par la Chaux Ronde. De ce sommet partent des pistes de ski que je dévalais ado. Il y avait un radar et j'adorais y débouler le plus vite possible pour améliorer mon record de vitesse. C'est cool parce que je ne m'étais pas rendu compte qu'on allait passer par là en lisant le parcours de la course. Atteindre le sommet ici se fait au prix d'une bonne petite ascension mais de mon côté j'ai vraiment la patate pour le moment et je cause tant que je peux pour transmettre cette folle énergie. Du sommet, on parcourt encore une très jolie crête avant de descendre sur le fameux village… On file, on file et voilà le col de la Croix aux alentours des 40km et oh merveille, de la pastèque! Loïc est aux anges. Il y a de quoi. C'est tellement rafraîchissant, hydratant, BON. J'y déguste aussi du fromage, du pain mais encore de l'avocat pour me refaire une santé. Mais la forme est bonne, j'avance toujours facilement et le moral est au beau fixe. On traverse de si beaux endroits! Fini la caillasse, on parcourt maintenant des terrains de plus basse montagne, mélange de forêts, pâturages et chemins blancs. Pas de difficulté.

De ce col au prochain ravito sauvage, je sens que pour Loïc c'est par moments bien plus compliqué. Cette année, le copain est moins bien préparé, il va devoir piocher pour finir, mais on est 2, ça va le faire. On défile nos guiboles sur des chemins que nous avions pris pour l'Humanitrail quelques années plus tôt, c'est sympa ces souvenirs qui reviennent. On atteint Bretaye et on voit le Chamossaire qu'il va nous falloir gravir mais au lieu d'y aller direct, on nous fait redescendre. Un tout petit peu. Avant de reprendre le chemin vers du dénivelé positif, virage à 90° à droite, on passe devant la terrasse d'un établissement. Des chaises longues font face au soleil de l'après-midi, des gens savourent le bon temps, tranquilles. Que ça donne envie! Mais pas le temps de s’apitoyer qu'une dame nous lance "vous êtes des sur-hommes"! Ouai Loïc on est des sur-hommes, ok? "C'est vrai! Vous êtes partis à 4h du mat et vous êtes là maintenant! Bravo!" Oh mais comme c'est cool les encouragements, ça fait réellement de l'effet c'est trop cool! Ensuite ça monte et on se fait plus silencieux, je suis moins euphorique mais avance facilement sur un bon rythme. On enchaîne quelques lacets, on retrouve un très beau passage sur la montée, un bois de pins, du rocher, du pentu, c'est pas très long mais j'apprécie beaucoup. Ensuite ça s'ouvre de nouveau et nous voilà au Roc d'Orsay où Loïc ingurgite quelques tranches de viande séchées, 2 bénévoles nous ravitaillent en eau fraîche. De ce qu'on voyait depuis Bretaye, il nous reste maintenant encore à peu près la moitié de la pente pour rejoindre le haut du Chamossaire. Cette fois-ci on y monte droit dans le dru. Je me sens vraiment bien, je monte facile et reprends les quelques concurrents devant. Mais si je suis devant Loïc à la montée, c'est bien que pour lui, les sensations ne sont pas au top. Je le laisse passer devant à partir du Petit Chamossaire, pour qu'il dicte le rythme à la descente et que je reste bien avec lui. C'est un moment plus difficile, mais une fois au Sepey, la base vie du parcours, on pourra bien se retaper. Et en plus, Olivier va nous rejoindre pour parcourir un morceau de ce périple avec nous!

13h. C'est après 13h de course qu'on atteint le Sepey. Olivier et la maman de Loïc nous y accueillent. C'est top d'avoir de nouveaux encouragements. On prend le temps de bien s'arrêter, c'est nécessaire. Loïc m'avouera plus tard qu'il réfléchissait alors à carrément abandonner, ouf on en est pas arrivés là! Je me prends une portion de pâtes, encore des coca et approuve la petite sieste convenue avec Loïc. Elle sera bienvenue. Dans la tête de mon côté tout va bien, mais dans la dernière descente je sentais la fatigue s'accumuler. Quel était mon bonheur au moment de plonger ma tête dans cette fontaine au village de La Forclaz (très joli au passage)! Se coucher un moment maintenant va soulager le dos et les cuisses. On convient pour 45 minutes de repos. Je ne m'endors pas mais fermer les yeux, changer de t-shirt et de chaussettes me fait du bien.

La Tour Famelon en arrière-plan

La Tour Famelon en arrière-plan

C'est à peu près au moment où nous quittons le Sepey que le leader termine la course. Il a mangé les 112km en 14h et quelques. A nous, il nous faudra le double, aller plus c'est long plus c'est bon non? On quitte donc le Sepey à 3, Olivier nous accompagne tant qu'il y a du soleil, comme c'est cool! Que quelqu'un nous fasse causette change les idées et permet d'oublier les douleurs, la fatigue, le temps passe plus vite. Et partager ces beautés qui nous entourent avec un ami de plus, c'est du plaisir. Il nous raconte que ce tracé, il le fait volontiers l'hiver en peau de phoque, jusqu'à la Tour de Famelon que l'on va d'ailleurs longer une fois en haut. La lumière devient douce, ce doré qui nous pousserait à ralentir en temps normal, pourquoi pas à savourer un apéro en admirant le paysage… Mais voilà c'est pas le moment, il nous faut avancer. Toujours avancer. Olivier nous quitte finalement alors qu'on approche la Tour (merci Oliv!), on est dans un terrain tout différent, entouré de roche calcaire, le sentier se devine. On se repère surtout aux marques rouges et blanches pour savoir où passer. Avec la lumière qui baisse, je sens que pour Loïc c'est toujours pas la fête, ça sent une nuit difficile. Mais avant la nuit, une autre petite surprise, alors qu'on longe Famelon escortés par 3 vaches, voilà Miki à vue! Nouvelle petite pause surprise, qui fait tant plaisir. On nous gâte ici de petites sucreries à la banane, au chocolat et au beurre de cacahuète. Retrouver sur ce parcours une amoureuse de la nature comme Miki, c'est top. On l'a fait poireauter mais elle est restée et c'est tellement apprécié, des moments comme ça, ça recharge les batteries! J'enfile mes petits gants, Loïc opte pour la petite veste et on laisse Miki derrière nous pour nous projeter maintenant vers la Berneuse. Le sentier devient un peu plus roulant on peut courir un petit peu, mais avec le crépuscule, les forces se font plus rares. On ressort la frontale, je l'enfile alors qu'on se rafraîchit à une fontaine au pied de la Tour d'Aï.

C'est en arrivant à la Berneuse que j'enclenche ma frontale. On a encore eu la chance d'admirer les dernières lumières sur le lac Léman durant la fin de la montée mais ce jour s'achève bel et bien. Il va nous falloir pénétrer dans les lueurs sombres tout en avançant sur nos deux guiboles. Le souvenir de l'année dernière n'est guère enthousiasment tant ce fut dur. Pour ma part, je sens que ce sera moins compliqué que l'année dernière où je m'étais vraiment senti comme un zombie à avancer sans trop savoir où et comment. Petit pointage à la Berneuse avec un scan de notre dossard et ravito en eau, dans la bonne humeur, merci à tous ces bénévoles! Mais on ne traîne pas ici, on continue, le prochain vrai ravito, Luan, n'est pas encore pour tout de suite. Dans la descente, Loïc propose une sieste. Le pauvre il morfle. A 1500 mètres, on se trouve un refuge d'alpage contre lequel on s'abrite. Les yeux perdus dans les étoiles, on s'assoupit. 30 minutes. Je m'endors cette fois-ci et au son du réveil, je me sens revigoré. Pour mon compagnon, à voir. On continue sur un tout petit rythme, marche et par moments quelques pas de course. Comme ça à descendre jusqu'à Luan, point 1290, qu'on atteint après 19h de course. Deux fauteuils de campings nous accueillent, on en profite en se posant un bon moment, dégustant du bouillon. Deux gaillards nous chambrent amicalement à rester comme ça scotchés. L'un d'eux, une bière à la main, plaisantant volontiers, n'est autre que Jean-Philippe Tschumi, le vainqueur de ce MXTreme. Il est passé minuit et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il ne semble pas souffrir de l'effort!

On se résout à quitter les lieux pour retrouver l'obscurité et le calme de la forêt. Le sentier se raidit tout de suite. On prévoit une nouvelle sieste dès que ce sera faisable mais aussi dès qu'on n'entendra plus la génératrice et la musique du dernier ravito! A monter calmement, après quelques centaines de mètres de dénivelé, on se trouve un petit nid douillet fait d'épines de pins. Le réveil à 30 minutes, ma montre à charger, je garde la veste pour le dodo et on s'endort direct. A nouveau, le réveil n'est pas dur de mon côté, je me réjouis de continuer. J'enlève la veste et me remets à suivre Loïc qui donne le rythme à la montée. Avant le Malatraix la prochaine grosse bosse, on passe par la Joux-Verte qui devrait être un très bel endroit selon Olivier. Hélas à être trop rapide ou trop lent c'est selon, y passer de nuit nous fait manquer les beautés qui nous environnent. Arrivé à notre ravito, Loïc profite de recharger son téléphone et changer la batterie de sa go-pro. L'équipe de jeunes à ce point ravitaillement me fait bien plaisir. Ils sont bienveillants, amicaux et de bonnes humeur malgré notre passage avant l'aube. Je prends plusieurs bouillons, fais un peu causette. On me dit qu'on a l'air bien. Frais n'était pas dans leur description je pense, mais selon eux, on paraissait mieux que les concurrents passés récemment. J'explique doucement que j'espère que l'arrivée du jour fasse du bien à Loïc car pour lui ça semble encore compliqué. Il nous faut repartir, on repart à l'assaut de la montée dans le bois. A Luan j'ai entendu un concurrent abandonnant qui disait que passer Malatraix de nuit c'était pas super. Je fais le lien avec ce qui nous avait été dit lors du briefing, "A Malatrex, des crêtes… pas plus de place que pour deux pieds…". Ca me rassurre jamais beaucoup ce genre de discours, alors au moment d'y arriver je suis sur mes gardes. La bénévole la moins accueillante du parcours nous scanne le dossard. Elle a des circonstances atténuantes c'est clair, elle se trouve à un endroit bien exposé au vent, il fait frisquet et on déboule en pleine nuit mais bon ça aurait été sympa de profiter du même accueil que sur les autres points. Surtout qu'ici on nous a dit qu'il fallait être prudent alors quelques paroles rassurantes auraient été un gros kif. Mais ne crachons pas dans la soupe, se retrouver à cet endroit avec un pote, c'est un privilège. Je poursuis devant sur cette partie. J'appréhende constamment de me retrouver sur ce bout où juste deux pieds peuvent se poser. Mais j'ai beau appréhender, cette section n'arrive jamais. Bienfait de l'obscurité? Je ne crois pas. Soit c'était exagéré, soit j'ai mal compris le briefing. Il y a bien quelques bouts un peu plus exposés mais on n'était pas à la hauteur de mes craintes, et ça me va, je préfère ça!

On le sent, la lumière n'est plus bien loin. Les reliefs commencent à se deviner. On redécouvre les fleurs qui nous entourent, on éteint la frontale. 5h50, je regarde la montre. "Ce chant d'oiseaux que fait éclater le miracle d'un nouveau jour"2. Le plaisir à les entendre est le même qu'hier alors qu'on débouche bientôt sur le ravitaillement du col de Chaude avant notre dernière ascension, vers les Rochers de Naye. Loïc reprend du poil de la bête je l'ai senti dans la dernière descente et ça me réjouit. Le miracle d'un nouveau jour, c'est vraiment ça, aussi physiquement, la machine retrouve des forces! Mais profitons tout de même de ce ravitaillement encore. Il y a de grosses couvertures ici, on s'emmitoufle! Un bon café chaud, du pain avec du chocolat, la vie est trop belle. Cette couverture, quelle douce sensation… Sieste? Oh oui! Pas autorisés à entrer dans le refuge, mais on se pose sur une bâche à même le sol, le réveil sur 15 minutes et pouf dodo. La patate est de retour! On quitte facilement ce ravitaillement où à nouveau on a été super bien accueillis et on amorce donc la montée vers les Rochers de Naye. Les quelques gouttes tombées durant le ravito n'étaient qu'un éphémère épisode, on progresse maintenant au sec, le ciel est en grande partie découvert. Loïc dicte le rythme, on reprend plusieurs collègues dans la montée qui nous fait prendre 500 mètres avant les Rochers de Naye. On retrouve une nouvelle tablée au Sautodoz, un très bel endroit pour les bénévoles. A l'abri sous le sommet (qu'on contourne), la vue plongeante sur le lac Léman et donc l'arrivée (!) est superbe. Les barres ovomaltine crunchy le sont aussi. Au palais ça passe trop bien, notre humeur est au beau fixe, on poursuit avec une dernière montée pour rejoindre le col de Jaman. On est bien, on est facile. Plus qu'à amorcer les 1500 mètres de dénivelé négatif pour rejoindre les quais de Montreux. Heureusement, grâce à ces ressources revenues depuis l'aube, les jambes veulent bien dérouler en descente. Donc on plie les bâtons, on les range et on y va! A boulet! A boulet version on avance depuis quasi 30h quand même, alors même si on pense aller vite, en regardant les chiffres on passe difficilement sous les 8' au km. En dévalant la pente, on y pense pas aux chiffres, c'est juste ce plaisir qu'on savoure. Le plaisir de savoir que c'est bon, le plaisir de plus se dire qu'on va encore souffrir à gravir un col, le plaisir à se dire qu'on peut encore courir dans ces superbes gorges, ce terrain emplis de racines et de marches. Rejoindre la vieille ville donne l'impression de rentrer de vacances. Ça fait un paquet d'heures qu'on est debout avec cette mission de rejoindre Montreux. Pendant longtemps on était juste les deux, parfois en silence, parfois moins. Les étoiles nous ont accompagné. Le soleil et des copains aussi. Quel beau voyage. J'en veux encore, que c'était bon.


1^: le compte-rendu est resté à l'état de brouillon.
2^: La Montagne intérieure, Lionel Daudet

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